J'avais déjà lu, peut-être comme vous, l'ancienne intégrale de Conan en livres de poche, il y a environ 8 ans et j'avais déjà été conquis par le souffle moderne de la saga, malgré Vous-savez-qui. Mais si voyons... Sprague de Camp. Flanqué de son suppôt Lin Carter, ce piètre écrivain s'était chargé d'éditer les aventures du plus illustre héros du texan R.E. Howard selon une chronologie plus ou moins inventée. Il y a bien des indices, dont une lettre d'Howard à l'un de ses fans, qui aident à dresser une biographie fictive de Conan. Mais Howard s'en moquait bien. Roi mûr dans une nouvelle, le Cimmérien redevenait un jeune voleur dans la suivante. L'auteur, tout comme son personnage, était en quête de liberté.
De Camp ne comprit pas la valeur de ce relatif chaos. De chaos, en fait, il n'était pas vraiment question puisque les aventures de Conan sont toutes farouchement indépendantes les unes des autres. Aucun personnage récurent. A peine quelques rarissimes clins d'oeil à un nom déjà rencontré, et puis voilà tout. A chaque épisode son nouveau défi et sa nouvelle "Conan-girl" à l'instar de ces bons vieux James Bond. La seule chose d'immuable chez Howard, c'est le monde qu'il inventa, l'Ere hyborienne, préhistoire fantasmée et composée de plusieurs influences spatio-temporelles.
Toujours plus libre, Conan devait effectivement pouvoir passer d'un Moyen-Age européen à un décor de Rome antique avant de jouer aux pirates le long des côtes africaines sans pour autant heurter l'incrédulité des lecteurs. Un monde inventé de toute pièce pouvait justifier cette folle ambition narrative. Conan foule toutes les frontières de ses sandales de géant en riant... Mais non, malgré la cohérence de la démarche générale, de Camp décida que les histoires de Conan devaient au moins suivre une chronologie interne. Quitte à devoir réécrire un peu quelques passages.
C'est là où on arrive au vrai problème de la "collaboration posthume" de de Camp. Carter et lui triturèrent légèrement les nouvelles de Conan, complétèrent les nouvelles inachevées, abandonnées en cours de route par le Texan, et allèrent même jusqu'à réécrire des nouvelles historiques d'Howard (des histoires de croisades, notamment) pour en faire des nouvelles de Conan ! Et puis, il suffisait juste de boucher les derniers trous avec des pastiches inventés de toute pièce... Soyons franc: cet étrange tripatouillage n'a pas suffi à défigurer la prose d'Howard, loin de là. Cette ancienne intégrale "réarrangée" indiquait même, dans son sommaire, ce qui était écrit par Howard et ce qui était bidouillé par Carter et de Camp.
Je ne nierai donc pas les bons moments que j'ai passé, notamment avec quelques pastiches qui, s'ils n'atteignaient pas le niveau d'Howard, arrivaient parfois à être divertissants sans présenter, contrairement aux rumeurs, un Conan demeuré et systématiquement en slip de fourrure. Le lecteur était tout de même en droit de ne lire que du Howard, et je ne peux que saluer la purge effectuée par Patrice Louinet, spécialiste international de l'auteur texan, qui remet à la disposition du lecteur des versions inédites car non remaniées. Du pur Conan, plus original, plus profond et intéressant que tous les clichés actuels qu'on nous sert sur "Connard le barbant"... Le coeur pulsant de l'héroic-fantasy présenté par ordre d'écriture en trois tomes d'une magnifique intégrale. Suivez-moi pour la visite guidée...
On commence par Le Phénix sur l'Epée, nouvelle historique puisqu'elle marque la toute première apparition du Cimmérien et nous livre donc, brute, l'essence du personnage. Et que fait ce dernier lorsqu'il apparait enfin au deuxième chapitre ? Éviscère-t-il un ennemi d'un coup d'épée nonchalant ? Arrache-t-il la tunique d'une donzelle en chaleur pour la plaquer sur un autel aussitôt souillé de jouissance barbare ? File-t-il un bon coup de poing à un imbécile de chameau qui ose lui barrer le passage ? Rien de tout cela. Il dessine une carte.
Réécriture d'une nouvelle de Kull oblige (précédent héros barbare d'Howard), Conan nous apparait mûr et déjà roi d'Aquilonie, plus grand royaume de l'ère hyborienne. Mais alors qu'un roi pourrait se livrer à diverses débauches et autres paresses, celui-ci, tout barbare qu'il est, semble assez érudit pour s'intéresser à la géographie. Matière on ne peut plus utile pour faire comprendre au lecteur que le bougre a déjà une solide existence d'explorateur derrière lui. Loin d'être un tyran expéditif, la retenue du Cimmérien ne fait guère de doute lorsqu'on apprend qu'il refuse d'exécuter ses opposants politiques, pourtant en train de cimenter dans l'ombre un vicieux complot...
La tension éclate rapidement, permettant bientôt de montrer Conan en action. Si l'on ajoute à cela quelques explications sur ses origines, on obtient les ingrédients d'un très bon premier récit, qui permet de faire en quelques pages la présentation presque complète d'un personnage déjà plus complexe qu'il n'y parait. Même si on avouera que les péripéties en elles-mêmes semblent un poil tirées par les cheveux (notamment, en plein milieu du récit, une coïncidence un peu trop énorme pour être honnête), l'écriture alterne entre sombre rêverie et fureur éclatante dont les fulgurances n'ont pas pris une ride depuis plus de quatre-vingt ans...
La Fille du Géant du Gel nous propulse juste après dans un cadre et une époque totalement différents. Conan est jeune et engagé dans une bataille entre Nordiques dans laquelle il n'a, à première vue, rien à faire. Une apparition fantastique et très sexualisée va mener le barbare, presque mourant, dans un univers onirique au croisement de l'imagerie viking et de la folie.
Après les complots politiques de la première nouvelle, place donc ici à une longue course-poursuite contée dans un style d'une poésie flamboyante. La mort et le sexe s'enlacent dans un silence glacé, épuisé. Les fantastiques capacités physiques du Cimmérien sont dévoilées au lecteur; plus que la simple force, l'endurance, la ténacité, la rage de vivre et de jouir. Une nouvelle très courte, d'une redoutable efficacité, qui fait partie de mes coups de coeur.
Encore un changement drastique d'ambiance et de style avec Le Dieu dans le Sarcophage. Les lecteurs qui commencent à se dire que les nouvelles de Conan ne contiendront pas beaucoup de dialogues, à l'instar de la nouvelle précédente, risquent d'être décontenancés avec cette histoire qui compte parmi les plus verbeuses du Cimmérien ! C'est à une véritable enquête policière en Némédie (pays aux fortes influences romaines) à laquelle nous assistons, avec Conan comme suspect principal ! Une fois de plus, alors qu'il pourrait tout régler rapidement à coups de moulinets destructeurs, le Cimmérien accepte, certes à contre-coeur, de collaborer avec ses accusateurs pour retrouver le véritable coupable...
Huis-clos peut-être pas totalement maitrisé, cette nouvelle permet de découvrir une nouvelle facette d'Howard, qui n'était pourtant pas un grand amateur de polars. J'ai pour ma part une très grande affection pour cette histoire dont je trouve la conclusion excellente et assez malsaine. L'action y a une part minime, prouvant qu'Howard est déjà assez à l'aise avec son personnage pour lui faire vivre à peu près n'importe quelle situation.
Après ces trois premiers coups d'essai, déjà très bons, Howard écrivit L'Histoire fictive de l'ère hyborienne (disponible en fin d'ouvrage, dans les suppléments) afin de fixer son univers littéraire et le rendre plus solide et réaliste. Tentative (réussie) de crédibilisation qui, si elle n'atteint pas la complexité des oeuvres postérieures de high fantasy, peut se vanter d'être la première du genre !
Première nouvelle à bénéficier de cette base réfléchie, La Tour de l’Éléphant multiplie les références à l'Histoire hyborienne fraichement écrite, contribuant à la densité de son atmosphère. Howard n'hésite effectivement pas à passer d'une histoire de voleurs s'introduisant dans une tour piégée à des considérations cosmiques inattendues mais parfaitement intégrées à l'aventure. Pas de doute, l'auteur passe avec cette aventure un nouveau stade d'excellence !
La Citadelle écarlate est peut-être ma nouvelle préférée de ce recueil. On retrouve le Cimmérien alors qu'il est roi, victime d'un nouveau complot, cette fois réussi. Emprisonné dans les souterrains d'un sorcier, le barbare affronte l'une des pires épreuves de sa vie, entouré de créatures dégénérées, lovecraftiennes, tapies dans l'obscurité. Il est d'ailleurs assez amusant de voir l’inébranlable Conan presque terrorisé tout au long de sa tentative d'évasion. L'écriture d'Howard retranscrit à merveille l'ambiance paranoïaque, claustrophobique et particulièrement malsaine d'une exploration qui ravira notamment les amateurs de dungeon-rpg.
Cerise sur le gâteau, c'est également dans cette nouvelle qu'Howard introduit son héros aux grandes batailles entre armées, avec à la clé quelques passages particulièrement épiques !
La Reine de la Côte noire poursuit cette assise dans l'excellence en proposant la première aventure maritime du Cimmérien. Ce dernier rencontrera celle qui fut sûrement la femme la plus importante de sa vie, Bêlit, celle qui le métamorphosa en pirate connu dans tous les pays noirs sous le nom d'Amra, le terrible lion ! La remontée d'un fleuve en territoire inconnu leur fera découvrir une gigantesque cité perdue, la première de la saga de Conan, prémisse de la réflexion d'Howard sur la fragilité et la vanité des civilisations.
Si cette aventure est excellente et souvent considérée comme l'une des meilleures du cycle, je dois tout de même émettre une réserve au sujet de la relation entre Bêlit et Conan. Si l'amour de la première ne fait aucun doute et est une composante importante de l'histoire, l'attachement du second est à peine suggéré. Certes, un barbare n'a pas à exprimer de tendresse et il aurait été ridicule de montrer Conan en amoureux transi. Mais les quelques passages qui tentent d'indiquer ses sentiments réels sont tellement succincts et équivoques qu'ils en deviennent peu crédibles. A mon sens, l'occasion de montrer une étape importante de la vie du héros a été joliment loupée...
Ainsi se termine la première période de Conan, que l'on pourrait qualifier d'expérimentale et qui a déjà accouché de quelques-unes des meilleures aventures du Cimmérien. Commence alors sa période commerciale durant laquelle Howard, sujet à de graves problèmes financiers, décida de mettre en avant les éléments sexuels de ses histoires, quitte à simplifier ses trames narratives. L'idée était de vendre coûte que coûte toutes ses nouvelles au magazine Weird Tales (son principal débouché commercial) en proposant une recette aussi sûre que pétrie de clichés.
La première de ces nouvelles, Le Colosse Noir, reste tout de même d'assez haut niveau. La "Conan girl", qui apparaitra dorénavant systématiquement dans chaque histoire sans parvenir à retrouver l'utilité de Bêlit, n'est pas encore une potiche écervelée. Princesse d'un petit royaume indépendant de Koth en très mauvaise posture, Yasmela fait appel à Conan en suivant la prophétie de Mitra, dieu principal des Hyboriens. La suite sera pour le moins épique, avec un Conan très drôle quand il s'agit de choquer la dignité des nobles et foutrement crédible dans son rôle de meneur d'hommes. Le dernier paragraphe fut réécrit à la dernière minute pour faire bander le lecteur moyen de Weird Tales mais fonctionne bizarrement plutôt bien - sans doute parce que la ficelle utilisée avait encore de la fraicheur à ce moment-là...
Ca ne sera plus le cas dans Chimères de Fer dans la Clarté lunaire, récit d'aventures honnête qui commence bien mais qui est alourdi par la présence de la potiche de service. A demi-nue, fragile, gémissant pour un rien, elle trouve in-extremis son moment d'utilité pour venir en aide à Conan. Echoués sur une ile aussi déserte qu'apparemment maudite, les deux tourtereaux devront affronter une menace qui n'est pas tout de suite définie. Le suspens du début s'étiole malheureusement dans une révélation peu palpitante...
Xuthal la Crépusculaire: Conan tout le temps fâché, potiche à demi-nue, cité perdue... tous les clichés semblent répondre à nouveau présent. Sauf qu'ils sont ici rapidement démontés pour laisser place à une nouvelle bouffée d'originalité bienvenue ! Même l'ennemi final n'est pas l'habituel sorcier ou homme-singe des nouvelles précédentes. Ces divers retournements, inattendus, procurent un véritable plaisir de lecture doublé d'une nouvelle réflexion sur la décadence de la civilisation, sous la forme d'une simple mais jolie métaphore (que je vous laisse découvrir). Enfin, la structure de la nouvelle n'est pas sans rappeler l'architecture de certains jeux vidéo ou jeux de rôles, ce qui dénote une fois encore le côté visionnaire du sieur Howard. Finalement, cette histoire finit dans mon top 5 Conan !
Ce ne sera pas le cas de la suivante, Le Bassin de l'Homme Noir. On commençait très bien avec un Conan particulièrement détendu et drôle (ce qui n'était plus arrivé depuis un moment) et un souffle poétique exceptionnel. Il s'agit, pour résumer, d'un nouveau récit de piraterie, mais conté d'une manière particulièrement immersive, du moins au début. Vient ensuite une menace qui semble avoir été improvisée en cinq minutes par un auteur en panne d'inspiration et la démonstration d'inutilité féminine la plus éclatante depuis le récit biblique de la Genèse. La potiche se fout cette fois carrément à poil, sans la moindre raison, et n'est présente que pour exciter les hommes et gémir comme une chatte en quête de croquettes. Du grand art. Malgré les incohérences des péripéties narrées, le souffle howardien, exultant le sang et la fureur, permet de passer un bon moment, une fois de plus.
Contre toute attente, La Maison aux trois Bandits ne contient aucune présence féminine, et on se dit que ce n'est pas plus mal. On revient à un huis-clos comme Howard savait les maitriser dans ses premières histoires de Conan et où ce dernier est contraint de faire momentanément alliance avec un homme qu'il est censé tuer ! L'histoire dénote donc avec la production howardienne de l'époque et se révèle fort sympathique, même si elle reste de facture relativement simple. L'ennemi affronté relève cependant encore une fois des obsessions évolutionnistes de l'auteur texan...
Nous arrivons à ce qui est sans doute la plus mauvaise nouvelle du recueil : La Vallée des Femmes perdues. Le cadre est pourtant original puisque nous visitons pour la première fois le territoire du royaume de Kush, évocation imaginaire de l'Afrique. Les Noirs y sont dépeints d'une manière peu enviable, au point où Conan, d'un honneur habituellement inébranlable, accepte ici de massacrer tout un village d'hommes, de femmes et d'enfants qui ne lui ont rien fait ! C'est sans conteste cette nouvelle qui valut à Howard sa réputation de raciste haineux alors que ses convictions réelles le poussaient pourtant à voir les Noirs d'un oeil plutôt bienveillant (ce qui, dans le Texas des années 30, n'était pas forcément gagné).
Mais gardons à l'esprit qu'Howard était toujours dans sa phase commerciale et que les clichés africains des histoires populaires de l'époque exigeaient des Noirs infâmes, traitres et chairs à canon pour les valeureux héros blancs ! Et dans ce contexte, je dois avouer que la scène de massacre, pour choquante qu'elle soit, revêt des atours proprement apocalyptiques qui ne manquent pas de me fasciner. Et l'apparente incohérence dans le caractère de Conan révèle plutôt sa complexité, bien loin de tout manichéisme... Pour des récits politiquement corrects, après tout, lisez autre chose que les aventures d'un barbare ! Crom !
La seconde partie de la nouvelle, malheureusement est indéfendable dans sa nullité. Des péripéties qui n'ont plus rien à voir avec le début s'enchainent rapidement avec un manque d'explications si flagrant qu'on croirait lire l'un des pires pastiches de Sprague de Camp ! Le combat final, honteux dans sa description qui tient en trois phrases, finit d’enterrer cette nouvelle qui avait pourtant commencé de façon assez intéressante...
Les nouvelles de ce premier recueil se concluent heureusement de fort belle manière avec Le Diable d'airain. Un ennemi de Conan se sert intelligemment de sa faiblesse pour les femmes afin de piéger le lubrique Cimmérien. Si là encore le début du récit présente une coïncidence que le lecteur aura du mal à avaler, la suite relève largement le niveau grâce à son sens impeccable du suspens et à sa poésie nostalgique et pessimiste. Cerise sur le gâteau, les nerfs de Conan lâchent enfin lorsque sa nouvelle potiche décérébrée à moitié nue fait une connerie de trop. Un court moment assez drôle qui vient contrebalancer la noirceur du récit. En terminant cette phase commerciale d'Howard, on se dit qu'elle est décidément plus surprenante qu'il n'y parait.
Le livre se termine par des suppléments intéressants. Tout d'abord, la première version de Le Phénix sur l'Epée permet de se rendre compte que la réécriture exigée par le rédacteur en chef de Weird Tales appauvrissait la psychologie de Conan... Viennent ensuite des récits inachevés mais qui figuraient, remaniés et terminés, dans l'ancienne intégrale. Si vous avez les deux versions, vous pourrez comme moi vous amuser à relever les différences et juger des capacités de Carter et de de Camp par vous-mêmes. Enfin, le plus important: des documents de travail d'Howard dont L'histoire fictive de l'Ere hyborienne dont je parlais plus haut.
Les dernières pages concluent en beauté ce premier volume par Une Genèse hyborienne, un essai de Patrice Louinet qui décortique les influences artistiques et psychologiques de l'auteur texan. L'idée développée est que Howard, profondément pessimiste (on ne se tire pas une balle dans la tête à trente ans par hasard) avait créé un personnage mélancolique qui combat sa peur du non-sens de l'existence en vivant toutes les aventures qui peuvent lui faire oublier sa condition. Et quand Conan n'a rien à faire, il boit et tripote des femmes dans une autre tentative d'oubli... De quoi lire la saga du Cimmérien avec un nouveau regard.
La critique fut longue mais le livre en valait bien la peine. Dégustez-le par petites tranches; malgré tout son talent, Howard reste un auteur de pulps, soumis à des impératifs commerciaux qui n'épargnent pas au lecteur une certaine répétitivité dans les thèmes et le style affichés. Qu'importe, la saga Conan reste un hymne à la vie et à la mort, une réflexion sur le passage du temps et l'affrontement éternel entre la civilisation et la barbarie qui, toujours, finit par briser les statues, brûler les palais et étriper les oligarques en festoyant et buvant en l'honneur de dieux oubliés...
Chapitre II: https://www.senscritique.com/livre/L_Heure_du_dragon_Conan_L_Integrale_tome_2/critique/5928409
Chapitre III: https://www.senscritique.com/livre/Les_Clous_rouges_Conan_L_Integrale_tome_3/critique/5928407