Stéphane tu m’exaspères. J’ai envie de prendre ta jolie petite tête et de lui faire subir ce que tu as fait à cette arbalète que tu as jeté par la fenêtre d’un donjon.

Rien n’est de ta faute. Ton père est parti, et avec lui les jolis meubles alors tu voles. Un flic t’a emmerdé alors tu voles. Tu es contrarié alors tu voles. Tu te dis que c’est mal de voler, et que tu devrais t’arrêter avant de tomber « dans la spirale infernale » mais tu voles. Tu es, je te cite, « intoxiqué ». Non, tu es un voleur. Un type qui a dépouillé de ces plus belles pièces musées, abbayes et châteaux. J’espère que tu le regrettes amèrement parce que vois-tu je t’en veux.

Tu n’es pas le premier, ni le dernier coupable de vols dans de tels monuments mais tu es sans doute celui qui m’exaspère le plus. Permets moi de te citer à nouveau, tu te qualifies de « plus grand voleur de tous les temps ». Certes, piller pendant 7 ans près de 300 objets, ce n’est pas une paille. Mais sache que tu fais sans doute parti des plus grosses chevilles de tous les temps également. Tu te plains des autres voleurs. Des vandales d’après toi, ayant aucun respect pour ces merveilles du passé. Mais je tiens à te rappeler que tu fais pareil : tu as cassé le manche d’une arbalète du XVIème siècle pour qu’elle rentre sous ton manteau, tu as roulé nombre de toiles pour les planquer dans ton slibard et avec ton plus beau tournevis tu as coupé en deux une pièce du Moyen-Age avant de partir avec la moitié. Et je crois aussi que tu fais partie des plus imprudents. Je crois qu’il faut vraiment être idiot pour amener chez un cadreur un tableau qui vient d’être volé pour qu’il soit recadré. Surtout que tu n’as pas choisi la moitié d’un abruti, mais un maitre en la matière d’histoire de l’art. Tu es allé porter plainte parce qu’on a égratigné ta voiture alors que tu avais dans le coffre plusieurs pièces de valeur volées au musée du Petit Palais à Avignon (Reconnaissons quand même que c’est culotté). Je n’oublie, bien sûr, pas ce grand moment où tu t’es dit que nettoyer une pièce en faïence en haut d’un escalier était une riche idée. « Un accident idiot » tu dis, je pleure je te réponds. Laisse-moi te poser une question : c’était avant ou après que tu marches sur un des tableaux volé au musée municipale de Bayeux ?

Ce qui me fascine c’est que malgré toutes tes imprudences, tu passes entre les mailles du filet pendant 7 ans. Je dois dire que ça m’épate. Le plan Epervier lancé contre toi, ne t’as pas plus perturbé que ça. Les flics de Belgique, Suisse, Pays-Bas ou encore d’Allemagne étaient à tes trousses mais toi, tu allais jusqu’à voler une dizaine de pièces en une journée. Tu pillais et tu faisais, dans ta chambre, une très belle collection. Oui, Stéphane, comme toi j’apprécie beaucoup les écoles nordiques du XV et XVIème siècle avec Bruegel et Van Eyck.

Mais mon horreur a atteint des sommets quand tu t’es fait arrêter. Ta mère a voulu t’aider, t’innocenter. Elle a alors jeté les « ferrailles » dans le Rhin avant de détruire à coups de pieds l’ensemble des tableaux et de les amener à la décharge. Mon cœur saigne. Certaines n’ont et ne seront jamais retrouvées. Tu comprendras alors que je t’en veux.

Revenons sur ton livre, ton mea-culpa. Parce que c’est tout de même de ça dont il est question. L’écriture est très quelconque. Tu mises tout sur tes confidences. Mais étrangement, on sent comme de l’exagération dans certains passages ou des lacunes qui nous laissent avec des questions d’ordre pratique : explique-moi, veux-tu, comment tu caches un tableau de plus 1m50 dans ton pantalon ou comment tu t’es débrouillé pour sortir une statut d’1m60 et de plus de 70 kilos ? Tu l’as trainé jusqu’à ta voiture ? De plus, on sent la haine que tu as envers ton ex-copine qui t’a bien enfoncer lors de ton procès. Rancune tout à fait compréhensible vu que tu as pris 3 ans ferme et elle rien alors que complice. Tu la présentes comme l’initiatrice de chacun de tes vols. On sent bien que le livre va bien plus loin que le simple témoignage. Tu règles tes comptes.

Mais je tiens à te remercier quand même. Tu n’as fait que me conforté dans ma passion pour les merveilles du passé. Tu as mis en évidence les failles de certains systèmes de sécurité que, si l’avenir me le permet, j’aurai à l’œil. Alors, oui, Stéphane, merci.
Chavia
7
Écrit par

Créée

le 14 oct. 2014

Critique lue 162 fois

1 j'aime

Chavia

Écrit par

Critique lue 162 fois

1

Du même critique

The Maker
Chavia
8

A vie éphémère, film éphémère.

Quelque part j'ai toujours aimé les courts métrage. En quelques minutes seulement ils arrivent parfois à raconter bien que plus que certains films de plusieurs heures. The Maker fait partie de ces...

le 29 janv. 2015

13 j'aime

3

Basic Instinct
Chavia
5

Tu feras gaffe, tu as oublié ta culotte.

Tout pars de la culotte. Ou plutôt de son absence remarquée. Après tout c'est bien un subtil jeu de jambes de Sharon Stone qui a fait la renommée du film. Mais voyez, Sharon ne conçoit à aucun moment...

le 22 janv. 2015

12 j'aime

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
Chavia
3

Visiblement, c'est à celui qui aura la plus grosse.

Je suis même pas sure que ce film mérite réellement une critique. Parce que finalement qu'est ce qu'on a ? Des plans dégueulasses, des dialogues à la mord moi le nœud, une Wonder Woman sortie de...

le 17 avr. 2016

10 j'aime

2