Coup de cœur pour ce roman choral d'Annie de Pène, amie de Colette et autres libre-penseurs du début du XXème siècle. Journaliste, reporter dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale, romancière, Annie de Pène fut une plume féminine reconnue et éteinte trop tôt de la grippe espagnole, en 1918, à seulement quarante-sept ans.
La modernité de la femme transpire dans chaque mot de ce roman aux allures originales : succession de textes ayant tous le caractère secret et intime de la confidence amoureuse et la douloureuse profondeur du chagrin et du désespoir amoureux universels. Bien que la période n'ait pas été pour moi particulièrement propice à découvrir les affres sentimentales de ces femmes - qui se seraient confiées à l'auteure - j'y ai goûté la justesse d'analyse et de ton qui m'ont rapidement charmée. Non sans émotion, non sans étonnement aussi, on y découvre que les peines de cœur et les relations hommes-femmes sont aussi complexes aujourd'hui qu'elles l'étaient à l'époque, et peut-être de tout temps.
Mais le fait qu'en ce XXème siècle débutant, la parole des femmes se libère, qu'elles osent exprimer leurs sentiments, leurs émotions, leurs opinions, qu'elles s'autorisent à juger le comportement qui du mari, qui de l'amant donne à ce roman une résonnance toute particulière, écho du courant de pensée féministe qui suivra. A lire "Confidences de femmes", on ne peut que regretter amèrement qu'Annie de Pène n'ait pas vécu plus longtemps pour prendre sa part légitime de l'émancipation féminine alors prête à franchir un grand pas.