Réponse : Ça dépend quel Paris.
En parisien parmi les parisiens, Queneau jeune en train de faire profiter de son job alimentaire au public de l'Intransigeant est ici compilé et offert au grand public dans un petit ouvrage intrigant, qui mérite qu'on s'arrête devant la jolie couverture du Folio, qu'on le sente un peu, et qu'on l'achète, de préférence comme moi dans une librairie au fond de la Rue Mouffetard.
Rappelons bien sûr que nous avons un Paris d'entre 1936 et 1938, et que lire une question qui aujourd'hui est désuète procure un petit sentiment de Belle Époque, transformant en passant à chapeau melo net canne à pommeau le lecteur qui aiguise sa curiosité dans le métro, au fil d'un passage express dans sa bibliothèque ou sur sa table de nuit, ou même sur le trône où siège son royal popotin. Potins, noms de rues, colles, toutes les questions contiennent à elles seules des réponses ou des informations diverses, ne se contenant jamais d'être de simples jeux pour deviner qui qui a la plus grosse culture parisianniste et inutile (pléonasme). Des exemples : " Où est né Émile Zola, le 2 avril 1840 ? " ; " Où se trouve l'emplacement de l'hôtel d'Alègre, où naquit Baudelaire, le 9 avril 1821 ? " ; " Pourquoi n'y a-t-il pas de n° 13 rue du Faubourg Saint-Honoré ? ". La disposition de ce recueil est très bien pensée, les questions sont au recto d'une page, et les réponses au verso, il y a autant de questions que de réponses par page, ce qui n'économise pas toujours le papier (Sauvez un arbre, mangez un castor) mais a le mérite d'être très clair, intuitif, et évidemment numéroté dans l'ordre chronologique de parution, à l'époque par lots de trois questions.
Évidemment, personne ne se sera jamais posé ces questions. Mais c'est ça, la vie parisienne, être guidé par Queneau, au moins un petit morceau, au moins 450 questions à amener dans son sac à l'occasion, déambuler dans les plus grandes curiosités, même désuètes, et, pour ceux qui aiment les vies des auteurs, les préfaces et les dossiers, marcher sur les pas, sur la plume, et dans la réalité alimentaire si capitale auquel a du s'essayer plus grand parisien de Paris avec d'écrire Zazie dans le métro, et qui s'est bien gardé de ne visiter que la Tour Eiffel et qui explore les chemins de traverse de la ville autant que de son langage.