Si l'écriture de Perrault, très rigide et classique par son respect de la métrique, peut paraître poussiéreuse à nos yeux de lecteurs modernes, ses contes, par leur intemporalité et leurs innombrables adaptations demeurent toujours très populaires de nos jours, trois citations extrêmement célèbres font d'ailleurs partie du patrimoine culturel français (« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? », « Tire la chevillette, la bobinette cherrera » et même le dialogue entier entre le Petit Chaperon Rouge et le Loup, dans le lit de Mère-grand), une influence qui montre que ses idées et ses visions conservent une certaine modernité.
Si la cruauté et la violence de certains contes peut choquer certains enfants (Barbe Bleue, Cendrillon), je pense que c'est le moyen idéal, justement, pour les intéresser à la lecture, c'est en ressentant ce genre de sensations puissantes et marquantes qu'ils développeront un goût pour la lecture et une curiosité pour les livres. Le style direct de Perrault est par ailleurs parfait pour ce dessein.
Pour les adultes, c'est le second degré de lecture qui sera intéressant à explorer, à savoir le miroir des mœurs et croyances du XVIIe siècle, permettant ainsi de mieux comprendre la société de l'époque et les valeurs qu'elle prônait, ce qui, quand on est éclairé par les Lumières kantiennes, nous évite de tomber dans le piège de tout jugement moral anachronique, notamment, ceux faits à propos des femmes dans ces contes. Le premier degré de lecture offre le plaisir de redécouvrir les histoires que l'on connaît tous, voire de les découvrir, comme pour Riquet à la Houppe ou Les Fées, beaucoup moins connues.
Un recueil de contes à ne pas occulter, pour leur simplicité d'accès et pour mesurer l'importance majeure qu'ils ont eus pour la littérature et la culture française.