Bukoswki était un pessimiste déçu et un optimiste enthousiaste. Il acceptait le réel dans sa totalité holiste. Il savait bien que le chagrin peut-être teinté d'une pointe d'amour, que la joie est parfois épicée d'un zeste d'amertume. Il se foutait, je pense, pas mal de délibérer sur la nature de l'homme, bête ou ange, du réel, horreur ou donation, de la naissance, de la mort... en tout cas, n'en faisant pas un fromage, trouvait, sans doute, ridicule, de déblatérer philo de manière frontale et éloquente. Toujours par des chemins obliques atteignait-il les grands questionnements, ceux dont on charge sa vie d'un lourd fardeau. A raison, selon moi.
Soit le syllogisme suivant :
« Le verre est à moitié vide.
Ce qui est à moitié vide est à moitié plein.
Donc le verre est à moitié plein. »
Bukoswki se foutait aussi pas mal de délibérer sur le verre, qu'il préférait remplir et boire avant de se resservir. Il préférait imaginer la prochaine paire de jambes qu'il palperait.
Or c’est la « moitié » qui compte.
Ce qui compte, c’est le moyen-terme.
Que la réalité est nuancée de teintes de gris… ou de jaune, de rouge, de bleu d’ailleurs, pourquoi pas ? Soyons picturaux comme peut l'être la nature, et pas urbain.
Affirmer que le réel est gris, c’est du désenchantement, désabusement, blasement, une tristesse lucide, du pessimisme de bande-mou.
Nulle profession de tiédeur, de mesure, de raison, de level-heading, ambitions de cloportes !
Juste, la logique élémentaire qui veut qu’un optimiste soit un pessimiste enthousiaste, un pessimiste un optimiste déçu, et un nietzschéen, un cyclothymique au bord des larmes, donc qu’il faille n’être ni l’un ni l’autre, ni le dernier.
L’optimiste comme le pessimiste se cassent les dents sur les marches du réel.
Seul importe, l’entrain mis à remplir son verre, ou le vider plutôt, avant de se resservir.
Peu importe le moyen, pourvu qu’il y ait l’ivresse !
Au faux dilemme : Tout ou Rien, répondre "qu'il faut boire l'existence, comme de l'eau-de-vie, quand même serait-elle une infâme piquette."