La vie de Sybille se délite dangereusement : son mariage s'est soldé par un divorce amer tandis que son déménagement à Bordeaux ne fait que lui renvoyer en pleine figure sa vie sociale déconfite. Elle se traîne en robe de chambre et clopes au bec dès qu'elle franchit le pas de sa maison, accompagnée de ses désillusions et ses rêves brisés.
Le regard tourné vers les erreurs du passé, elle ignore l'arrogance de son fils Samuel, refusant de regarder en face son désarroi grandissant.
Sans repère fiable et crevant de solitude dans cette maison bordelaise vide et sans âme, Samuel se tourne vers d'autres modèles à penser. Un soir c'est la bêtise, de trop, de celles qui font qu'une mère ne reconnaît plus l'enfant qu'elle a élevé.
Plutôt que de placer son fils en pension comme le suggère son ex mari, Sybille opte pour un choix radical : partir au Kirghizistan avec Samuel, acheter des chevaux et parcourir le pays, seuls. Ce qui pourrait être considéré comme une fuite en avant, est pour elle un moyen de re-nouer le dialogue, re-transmettre des valeurs dans une aventure où le superflu est exclu, où chaque geste compte pour survivre.
Ce récit se lit vite, tel un roman d'aventure. Dès les premiers chapitres on est embarqué dans ce pays lointain, en plein désert. Mère et fils craignent pour leur vie, livrés à eux même face un une groupe d'hommes aux intentions troubles. Les séquences à Bordeaux, Paris et le Kirghizistan s'enchaînent avec facilité ; passé et présent s'éclairent de façon fluide. La soif d'absolue de Sybille est brillamment retranscrite par l'écriture portée au plus près des élans du personnage. Les descriptions lyriques de grands espaces exacerbent son romantisme à fleur de peau.
J'ai lu ci et là des critiques sur le personnage de Sybille : oui j'avoue elle est peu crédible, décrite comme une femme très fragile mais capable d'aller au devant de nombreux dangers et de porter des projets épiques. Je l'ai prise pour ce qu'elle est un beau personnage de fiction que je ne risque pas de croiser.