Bonsoir à tous,
Me voilà avec cet essai génial, et plus qu' intéressant, sur un sujet très méconnu par les néophytes. Voilà une part de l' histoire qu' on nous cache habilement. Sinon, comment pourrais-t-on accepter le système inique, qu' on nous impose ? Vaste question que voilà....
Fantastique vous dis-je !
Ce livre montre la manière dont le libéralisme en demandant de "laisser faire" doit permettre aux puissants de maintenir un état à l'instant t, profondément injuste et en totale contradiction avec ce qu'il prétend défendre.
Ce qui est donc sidérant c'est le décalage de l'époque, très bien documenté dans ce livre, entre ce discours des défenseur acharné de la liberté et l'esclavagisme ainsi que la soumission des pauvres qu'ils considéraient comme indispensable. On voit ici tous les prémices du "workfare" et de la moralisation sous-jacente du peuple à qui il faut absolument laisser les tâches les plus ingrates. Il faut de l'inégalité, c'est bon pour le business, et il faut bien conserver des hommes libres. Les riches pour bien faire. Les colons esclavagistes voulaient "s'auto-gouverner" au nom de la liberté, pour continuer leurs pratiques inhumaines, .
Les États-Unis libéral par nature ? Illusoire, mensonger. Tous les premiers présidents ont été des négriers d'envergure. Et la révolution française ? Stigmatisée par les libéraux les plus durs de l'époque, qui ne voyaient là qu'une altération de la hiérarchie entre les hommes, à terme néfaste. Car ce qui fascinait les défenseurs de la liberté, c'était l'économie, notamment celle de l'Angleterre, que même nos Lumières, aveuglés par sa richesse la considéraient comme la plus libérale de toutes les Nations. Et pourtant, quelle société injuste, liberticide, dans laquelle voler menait très souvent à la pendaison.
La liberté, si fièrement défendue, sert la plupart du temps les plus puissants. Mieux vaut s'en souvenir lorsque l'on ne réclame que ça.
Philosophe, historien et militant communiste, Domenico Losurdo considère que les grands auteurs libéraux, loin d’être des défenseurs conséquents de la liberté individuelle, n’ont cessé de justifier l’oppression lorsqu’ils se sont prononcés sur les questions politiques de leur temps. La réflexion est stimulante, mais manque sans doute trop souvent de précision.
L’auteur refuse de considérer le libéralisme uniquement comme un ensemble d’élaborations conceptuelles, et de l’étudier seulement « dans sa pureté abstraite » (p. 8). De fait, l’auteur ne produit pas une histoire des théories libérales. Il est nécessaire selon lui, d’analyser le libéralisme avant tout dans sa « réalité concrète », et ce, sous deux perspectives. D’une part, l’auteur analyse la manière dont le libéralisme s’affirme sur le « plan politique concret » (p. 332), c’est-à-dire dans les deux pays qui ont emprunté la « voie du libéralisme », l’Angleterre et les États-Unis, et ce, de la période allant de la Glorieuse révolution au début de la Première Guerre mondiale. D’autre part, il se penche sur la manière dont les auteurs des élaborations conceptuelles du libéralisme, qu’il nomme, non sans ironie, les « grands esprits de la tradition et du panthéon libéraux », se sont exprimés sur certains problèmes politiques et sociaux de leur temps et de ces sociétés dites libérales. L’auteur cite et analyse les développements d’un grand nombre d’entre eux, notamment Grotius (ses écrits sont évoqués dans la mesure où il consacre deux de ses ouvrages à la révolte contre Philippe II et au pays, la Hollande, qui en est issu), Locke, Burke, Smith, Constant, ou encore Tocqueville. Ce faisant, on comprend que l’auteur s’attache à montrer ce que leurs élaborations conceptuelles, qui touchent notamment à leur conception de la liberté, signifient « concrètement ».
Dans plusieurs de ses ouvrages précédents (notamment Le révisionnisme en histoire et Le péché originel du XXe siècle), Domenico Losurdo s’est déjà prêté à une étude d’histoire politique critique des deux pays de la tradition libérale classique, l’Angleterre et les États-Unis. Contre-histoire du libéralisme prend pour objet d’étude la tradition libérale elle-même. Paru initialement en italien en 2006 sous le titre Controstoria del liberalismo, l’ouvrage de Domenico Losurdo se positionne à l’encontre « des » histoires du libéralisme qui, selon lui, sont « déjà publiées et qui de plus en plus nombreuses, continuent de paraître » (p. 7). Se présentant comme une contre-histoire, ce livre s’attache cependant moins à réécrire l’histoire du libéralisme, qu’à pointer certains de ses aspects qui ont été généralement négligés.
Cette occultation explique, selon l’auteur, que les histoires du libéralisme tombent habituellement dans l’hagiographie. Par hagiographie il faut tout d’abord entendre une histoire qui adopte un « registre apologétique et édifiant » (p. 383), et quitte ainsi le terrain de l’histoire que l’ouvrage de Losurdo s’attache au contraire à ressaisir, afin de produire une démystification du libéralisme. Losurdo s’attaque à ce qu’il considère comme le mythe généalogique constitutif de l’idéologie libérale. Cette histoire hagiographique, promue et mise en œuvre, selon lui, par les chercheurs libéraux eux-mêmes, ferait notamment du libéralisme, et c’est sur cet aspect qu’il se concentre, une « tradition de pensée qui place la liberté de l’individu au centre de ses préoccupations » (p. 9), plus précisément une tradition qui défendrait la possibilité d’une « égale jouissance par tout individu d’une sphère de liberté [i.e. une sphère de liberté privée] garantie par la loi » (p. 101, nous soulignons). L’auteur propose également une discussion, au cours de l’ouvrage, des catégories concomitantes ou articulées à cette idée qu’utilisent « d’habitude », selon lui, les défenseurs de ce courant de pensée pour retracer l’histoire de l’Occident libéral (outre l’idée indiquée, il s’attaque à la conception de la liberté comme liberté négative, ou encore aux catégories d’antiétatisme et d’individualisme) (p. 334) mais également des catégories utilisées dans une intention critique mais qui manquent leur but (notamment la catégorie d’« individualisme propriétaire » ou « possessif »).
La thèse que l’auteur s’attache à défendre, par la mise au jour de ces éléments occultés du libéralisme, est que ce dernier se caractérise par une « dialectique d’émancipation/désémancipation » (p. 385). Il s’agit pour lui d’interroger le potentiel d’émancipation du libéralisme lui-même. L’enquête menée par Losurdo permet ainsi d’interroger à nouveaux frais les promesses d’émancipation liées au capitalisme contemporain issu de la guerre froide qui se réclame de cette tradition de pensée.
C’est sur ce terrain de l’histoire que Losurdo va donc principalement concentrer ses analyses, car c’est là qu’il est nécessaire, selon lui, de produire un examen critique des histoires du libéralisme produites par les défenseurs de cette tradition de pensée.
Lisez cet essai, que toute personne, un minimum curieuse, devrais lire, un jour. La lecture est vitale, de nos jours ! Sortez, vivez, braves gens ! Mais, en toute conscience. Portez vous bien. Continuez à lire des livres. Tcho. @ +.