Un essai qui concerne la littérature signé par Marcel Proust, c'est forcément intriguant. Alors comme c'est maintenant libre de droits, il n'y a aucune raison de s'en priver !
Il y a pour moi deux axes différents dans ce bouquin, à savoir les prémices d'À la Recherche du temps perdu puisque Proust parle énormément de sa vie et de ses proches avec une forme assez similaire, notamment en ce qui concerne la longueur des phrases. On se laisse happer par ce genre de tournures dont il a le secret d'ailleurs, il faut s'accrocher mais c'est fascinant à lire.
Ça, disons, c'est pour la qualité littéraire de l'essai lui-même. Mais ce dont Proust parle est encore plus important puisqu'il va nous détailler tout un argumentaire s'opposant à la théorie du critique littéraire Sainte-Beuve qui est persuadé que pour juger un auteur, il faut connaître sa vie. Cela permet au passage de voir Proust parler de Balzac, Baudelaire, Stendhal et d'autres auteurs dont on parle encore de nos jours.
Et de ce côté-là, je n'imagine pas vraiment quelqu'un faire mieux sur la question. Les arguments sont solides et pointus, avec l'artiste qui se divise en deux "moi", celui de l’œuvre et celui de l'homme. Enfin bref, je ne suis pas très doué pour critiquer un essai, je vous invite à le lire : ce n'est pas trop long, très bien écrit et très bien développé.