Trouver des histoires de coeur novatrices ou diversifiées, dépourvues de composantes malsaines ou toxiques, c'est pas de la tartre en ce moment! Je viens de terminer ce petit livre de la littérature intermédiaire, qui a au moins le bon goût de ne pas être toxique, mais qui reste très convenu.


Noémie a du mal à dire non, soucieuse de ne pas déplaire, alors elle se sent obligée d'aller regarder les matchs de hockey de son grand frère Mickael, quand sa mère lui demande. Voilà qu'un beau jour, elle croise un certain Zackary Cabral, meilleur joueur de son équipe de hockey, qui est aussi la grande rivale de celle des Lions, équipe de Mickael. Lors d'un autre match, il s'avère que Zack a accidentellement causé une blessure chez un des joueurs des Lions et depuis, il est la cible facile des commentaires désobligeants et de la colère de la mère et du frère de Noémie. Sauf que Zack est un charmant jeune homme, aussi sympathique que séduisant ( c'est le sosie du chanteur préféré de Noémie) et la chimie est excellente entre Noémie et lui. On le devine, elle se sent coincée entre son premier béguin et sa famille, ce qui va résulter de cachoteries et moult dramatisations.


On nous le rappelle à au moins trois reprises, mais ça ressemble à l'histoire de Roméo et Juliette, soit une des pires histoires "d'amour" à mes yeux, qui représente beaucoup plus le très irrationnel et passionnel concept de "Coup de foudre" que de réel amour. Ce n'est pas un état incontournable en relation amoureuse, mais dans la littérature, c'est quasi-chronique. Et l'ennui, c'est que c'est purement physique comme implication. Néanmoins, je concède qu'ici, au moins, on a d'autres composantes importantes qui s'additionnent au gros béguin physique: la complicité, les atomes crochus, le plaisir partagé, la communication saine et l'équité. C'est donc à mes yeux une relation saine. Très rapide, mais saine. Zach est perçu comme un fauteur de trouble en raison de son implication dans un accident de hockey, mais il n'a rien du Bad boy, quel soulagement!


Noémie est la très déjà-lue fille maladroite et cafouillante qui ne sait plus où s mettre devant un beau gars. Bah oui, comme 99% des adoes devant un beau gars. Je suis juste agacée de voir toujours ce type de profil, comme si toutes les filles étaient à ce point maladroites et peu sure d'elles. En même temps, si on n'était pas dans un millionième coup de foudre, on aura pas ce genre de réaction. Elle aime la musique punk, c'est à peu près le seul trait particulier que j'ai vu. Quand à Zach, il est dans la peau de "l'ennemi", le mot est fort, qui a bien sur un physique d'Appollon et les sempiternels yeux bleus qui vont avec. Une chance qu'il a une belle personnalité, autrement, physiquement, il a au moins 5000 clones dans les autres romans du genre. Fait notable, s'il a du talent au hockey, il vise des études en Histoire. Ça, c'est nouveau! Et il aura pu facilement être du genre chiant et arrogant du fait de son statut de meilleur marqueur de son équipe de hockey, mais en fait pas du tout. Il avait un personnalité plus complexe et fouillée que Noémie, je trouve.


C'est donc une lecture en demi-teinte pour moi, ravie de ne pas trouver de relation toxique banalisée ou romantisée, mais un peu déçue de ne trouver qu'un énième cas de romance en coup de foudre entre une fille sans personnalité et un beau bonhomme sportif. L'aspect famille aussi est déjà vu, avec un quiproquo qui leur fait démoniser une personne basé sur une vision d'un évènement sans tous les éléments pour en juger correctement. . Heureusement, quand à son traitement, ça fini avec un papa plus pragmatique et réaliste que la mère et le frère, qui exagèrent pas mal, et qui en sa qualité de coach, va chercher à résoudre le malentendu pour que sa fille puisse sortir avec Zach.


On voit aussi en fond de trame l'enjeu du malentendu lui-même. Déjà, les blessures sont fréquentes au hockey, un sport très "contact", surtout chez les gars. La source du problème dans cette histoire est d'aller prétendre qu'un joueur a blessé un autre joueur par pure malice, ce qui n'est pas le cas. Pour l'avoir connu de prêt cette réalité, ce genre de quiproquo sur la glace est fréquent. On sautait souvent aux mauvaises conclusions, dans un excès d'émotions, en oubliant que le sport lui-même est sujet à des contacts violents et que des accidents, ça arrive. Entre exécuter des mises en échecs causant des blessures accidentellement et chercher à le faire pour blesser volontairement un autre, il y a une marge. Les vrais bons joueurs n'ont pas à faire ce genre de coups, ce n'est pas "sport" comme mentalité. Je peux aisément comprendre le choc du personnage de Zach de se faire caser dans la catégorie des "goons" ( les brutes), surtout qu'il est justement un bon joueur qui joue dans l'esprit sportif. Ce qui est révélateur également, c'est le flou sur les conséquences de l'accident, d'une part dans l'ignorance de Zach face à la cassure de la cheville ( son entraineur l'a laissé dans l'ignorance ) et d'autre part, les gars de l'équipe des Lions qui n'ont qu'un côté de l'histoire. Ce qui est dommage dans ce genre de malentendu est que c'est la réputation de quelqu'un qui en souffre et cela induit également une rivalité malsaine entre équipes. Dans l'histoire, Mickael et ses amis hockeyeurs en viennent à faire de menaces et à conspirer contre Zach, tout ça pour une situation dont il leur manque des éléments. Mickael en vient même a dire à Noémie que Zach sort avec elle pour pouvoir l'humilier lui par la suite ( oh, la belle masculinité toxique et rivalité auto-centrée, c'est pas joli!). Bref, ce genre d'histoire reste pertinente pour illustrer comment loin un malentendu peu aller et à quel point c'est facile de démoniser quelqu'un.


Donc, je suis d'avis que ce livre mérite d'être parlé en librairie pour mes petites amatrices de romances de 10-12 ans, ne serait-ce que pour la sanité de la relation, même si je réitère, les coups de foudre sont facultatif en amour.
L'écriture est plutôt simple et accessible, le ton se veut comique, mais encore basé sur la maladresse de la fille, ce qui ne me fait pas spécialement rigoler. Mais l'humour, je le conçois, c'est très personnel.


Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans+. *Peut très bien plaire aux 12-15 ans qui veulent un petit roman facile à lire, avec une romance rapide.

Shaynning

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