Courir, c'est une biographie romancée d'Emil Zatopek, que je connaissais vaguement, ce nom évoquant juste pour moi un coureur de fond des années 50, sans plus. Pas mon époque, pas d'émotion à l'écoute de ce nom à la sonorité étrange, a priori donc, pas vraiment d'intérêt pour ce livre.
Sauf que j'ai déjà lu un livre d'Echenoz (Des éclairs), que ce livre m'a plu, et que j'ai appris que "Courir" faisait partie d'une série de 3 biographies.
Donc, Emil. Le doux Emil. Echenoz nous amène à côtoyer ce sportif hors du commun. On l'apprécie, Emil, on gagne avec lui, on voyage avec lui, à Londres, au Brésil, à Prague, à Melbourne, on s'arrête de voyager, car les voyages sont interdits, on s'entraîne avec lui, on survole les épreuves avec lui, on souffre avec lui, on perd avec lui, et on regagne, et on reperd encore. Bref, on apprend à aimer ce personnage qui symbolise les grands champions qui gagnent tout et dont les exploits finissent par lasser, dont le déclin se fait un peu attendre, mais arrive, inéluctablement.
Ici, on ne parle pas que de performances sportives, d'entraînements rigoureux : le contexte politique (le communisme noyaute le système) est déterminant, et nous apprend comment il était compliqué d'être un personnage public et populaire au sein d'un système où l'individualisme est mal vu.
Un livre plutôt court, qui parle de sujets profonds tout en gardant un style léger et primesautier, et nous fait plonger dans une autre époque auprès d'un homme véritablement exceptionnel. Belle réussite.
Livre écouté en livre audio, lu par l'auteur lui-même, qui interprète son ouvre avec simplicité et un brin de nonchalance. J'aime bien!