Le jeune Horton n'a que huit ans lorsqu'il est renvoyé de l'école parce qu'on l'a surpris en train de manger des fourmis. Furieux, son père adoptif veut l'enfermer dans un placard et lui claque la porte sur la main. L'enfant perdra trois doigts. Peu après, Horton s'enfuit, avec son jouet Junky pour tout bagage, et est rapidement recueilli par La Havane, Zena et Bunny, trois nains travaillant dans un cirque itinérant sous les ordres du misanthrope Pierre Ganneval, que tout le monde appelle le Cannibale. C'est une nouvelle vie qui commence.
Passée cette introduction qui pourrait faire penser à du Dickens ou à Rémi sans famille, l'ambiance change subtilement lorsque l'auteur commence à nous parler de cristaux aux pouvoirs étranges, que je me garderais bien de dévoiler...
Cristal qui songe est le genre de roman qu'on ne lâche plus une fois ouvert. L'intrigue est à la fois simple à suivre, mais complexe dans son développement. Inclassable, le texte est aux frontières du fantastique et de la science-fiction. Fantastique de part son ambiance sombre et son cirque avec ses monstres de foires, mais science-fiction de par la nature des cristaux et tout ce qu'ils impliquent. Theodore Sturgeon développe des thèmes qui lui sont chers : l'enfance, la diffêrence, le rapport entre le corps et l'esprit...
Tous les personnages sont attachants. Les mystères qui entourent Horton, Ganneval et Zena sont captivants, et la troupe des freaks est tantôt touchante tantôt effrayante. Écrit dans les années 50, le texte a très bien vieilli et se révèle bien plus subtil que nombres d'œuvres plus récentes. Par exemple, Sturgeon explore l'idée que les plus humains ne sont pas forcément ceux qu'on pensent mais, alors qu'on pourrait s'attendre à un vieux cliché, l'auteur le fait avec tant de brio qu'il parvient à nous surprendre malgré tout.
Cristal qui songe est un très beau roman, à lire que vous soyez amateur de fantastique, de science-fiction ou tout simplement de bonnes histoires.