Crocodiles par RomainPETER
Il faut attendre les deux dernières nouvelles, "Tango" et "Crocodile", pour que ce recueil se révèle digne d'intérêt. Les premières sont en effets soit convenues, soit trop triviales, ce qui jure souvent avec les phrases alambiquées, les archaïsmes et les subjonctifs plus-que-parfaits que l'auteur semble affectionner. Mais dans Tango, l'écrivain raté perdu dans un univers agraire qu'il exècre est l'occasion d'envolées misanthropiques très denses et très justes (sont-elles l'expressions déguisée d'une misanthropie plus vaste ?) - et les éléments incestueux font penser à du Caldwell fancisé. Quand à Crocodile, elle est surtout touchante, peut-être moins bien écrite, mais la banalité tragique de l'histoire compense largement ce défaut. Les soixante dernières pages justifient donc amplement l'achat du livre entier, dont on pourra sauter la première moitié si l'on est pressé...