Je ne suis pas fan du très médiatique Michel Onfray, ni non plus de son athéisme, mais je sais l'applaudir quand il le faut, comme lors de la création de son Université Populaire à Caen, ou le fait de consacrer un livre au Cynisme, un courant philosophie né en Grèce Antique et popularisé par son plus célèbre disciple : Diogène, le Chien de Sinope (oui c'est moi !)
A vrai dire peu de livres en France se sont intéressés au sujet, à ma connaissance il n'y en a que deux : celui-ci et un travail universitaire de Marie-Odile Goulet-Cazé (ça ne vous dit rien c'est normal), qui est également l'annotatrice du livre VI de Diogène Laërce (l'historien), consacré principalement au cynisme. J'espère que vous suivez.
Onfray se fait donc un petit plaisir en critiquant d'abord le manque d'intérêt des universités pour ce courant, pas assez intellectuel, trop subversif, et longtemps oublié par les savants de l'Eglise, qui voient en Platon un philosophe bien plus proche de leurs idéaux de vertus.
Car le cynisme est un peu particulier : fondé par Antisthène, il est popularisé par un de ses disciples. Diogène est un mendiant, passant ses journées dans une jarre, maniant l'ironie à la perfection, se masturbant ou faisant l'amour sur la place publique, urinant sur certains des passants qui le traitent de chien, faisant l'éloge du cannibalisme (théorie atomique, pour lui rien ne diffère la viande humaine de la viande animale, "tout est dans tout") ou du sexe le plus débridé...
Mais ce ne sont là que des anecdotes, et derrière elles se cachent un véritable mode de vie, une recherche du bonheur par l'ascétisme physique et psychologique le plus strict. Onfray y va même de sa petite interprétation, et fait l'éloge de cette philosophie très actuelle, avant de se voir lui même en Cynique moderne, rien que ça, chose qu'il aurait pu épargner au lecteur.
Ce livre très court est parsemé de références, malheureusement peu variées, les sources étant bien trop rares, mais permet de découvrir quelques courts fragments d'œuvres de Diogène, dont personnellement j'ignorais l'existence, et de donner un aperçu général de sa vie, entouré de légendes cocasses et souvent drôles.
Il est de plus très simple, jamais élitiste, et constitue une bonne porte d'entrée vers la philosophie antique, via ce personnage qui généralement étonne et plaît à tous de par son anti-conformisme.