Parisianoparano.
De Vigan convoque stephen King et Usuel Suspect pour son thriller psychologique parisianoparano, mais en vain, elle a beau convoquer les sommités du genre, tout est toc, tout est poussif, rien ne...
Par
le 27 déc. 2015
22 j'aime
2
Au lendemain de la publication de "Rien ne s'oppose à la nuit", Delphine de Vigan a dû affronter les diverses réactions de ses lecteurs et surtout de sa famille. Certains ont applaudi tandis que d'autres ont crié à la trahison.
Mais ce livre n'est pas une confession sur l' "après". Ou plutôt, pas seulement. Car l'auteur, au cours d'une soirée va croiser le chemin de L., une femme de son âge qui lui ressemble beaucoup. L. va rapidement envahir l'existence rangée de Delphine. Tout en refusant de (ou en veillant à ne jamais) rencontrer les proches de l'auteur (ses enfant, ses amies, François Busnel...), L. s’immisce chaque jour davantage dans sa vie. Avec un leitmotiv, presque une exhortation : ne plus écrire de fiction, poursuivre avec ce "vrai" qui confère à l'oeuvre littéraire (ou cinématographique) sa profondeur, sa dimension. Et conditionne l'intérêt du public.
Mais Delphine de Vigan ne partage pas cet avis. Elle aimerait au contraire revenir au roman, inventer des situations, camper des personnages sortis tout droit de son imagination. Mais L. n'en démord pas. Delphine ne ferait que régresser après un livre prometteur. Elle doit aller de l'avant, poursuivre dans cette voie. Elle est un écrivain de talent qui ne doit plus s'abaisser à écrire des contes. Si elle insiste tant, c'est pour le bien de Delphine. Et comme elle sûre de son fait et que Delphine s'entête, L. va devoir insister lourdement... L., une amie qui vous veut du bien !
L'écrivain nous compte les mois de sa vie durant lesquels elle fut sous l'emprise de cette femme intrusive. L'influence que celle-ci eut sur elle. La dépression qui l'a empêcher d'écrire une ligne, ne fut-ce une liste de course. Un roman dans lequel se mêlent étroitement l'autobiographie et la fiction. Car Delphine en est persuadée : n'importe quel lecteur peut être la dupe d'une fausse autobiographie. Impossible selon elle de déceler le faux du vrai, de reconnaître à coup sûr l'accent de vérité qui séduit tant le public avide d' "histoires qui ont réellement eut lieu", de distinguer le vrai de la fiction. Il est ainsi probable que ce roman - qui se veut sincère - soit en réalité une sorte de laboratoire visant à prouver cette conviction. Delphine de Vigan est l'expérimentatrice et nous sommes ses cobayes.
Un livre fort bien écrit. Un livre difficile à poser pour une intrigue très prenante. Presque angoissante. Une réussite - un coup de coeur de cette rentrée 2015 !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 17 oct. 2015
Critique lue 5.2K fois
10 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur D'après une histoire vraie
De Vigan convoque stephen King et Usuel Suspect pour son thriller psychologique parisianoparano, mais en vain, elle a beau convoquer les sommités du genre, tout est toc, tout est poussif, rien ne...
Par
le 27 déc. 2015
22 j'aime
2
Après un précédent roman de veine autobiographique, je me demandais bien comment Delphine de Vigan arriverait à se renouveler sans décevoir son lectorat. Pari réussi haut la main en ce qui me...
Par
le 11 sept. 2015
22 j'aime
8
Comme à mon habitude, je démarre la rédaction de cette critique en confessant ma difficulté à rendre compte sobrement, objectivement, de mon engouement pour une oeuvre. En effet, la proximité que je...
le 18 oct. 2015
14 j'aime
7
Du même critique
A cause de la vanité d’une fleur maladroite qui ne sut déclarer son amour et parce qu’il a découvert que l’amour pouvait avoir des épines, le Petit-Prince quitta sa minuscule planète (pas plus grande...
Par
le 5 nov. 2013
49 j'aime
2
Une enfant est affalée sur la banquette arrière d'une voiture, des bagages en tout sens : la famille de Chihiro déménage et arrive dans son nouveau quartier. Mais papa tourne un tout petit peu trop...
Par
le 28 janv. 2014
48 j'aime
3
Un chef-d'œuvre qu'il me paraît impossible à résumer. Un récit dense, surréaliste où deux mondes s'entremêlent étroitement. Le jeune Kafka Tamura (le nom est authentique, mais il s'agit d'un prénom...
Par
le 20 juin 2012
42 j'aime
8