Il est légitime que les éditeurs cherchent à vendre leurs romans en leur faisant de la publicité positive ; mais il arrive parfois que les qualités misent en avant sont à ce point exagérées que l'on se retrouve, une fois le livre terminé et refermé, avec le sentiment désagréable d'avoir été trompé sur la marchandise. D'extase et d'amour féroce fait malheureusement partie de cette catégorie.
En effet l'éditeur, sur la quatrième de couverture, met en exergue la chronique du Chicago Tribune qui parle d'un roman "nerveux" aux scènes "fortes et émotionnellement chargées", qui fait allusion à "une série de situations tendues qui vont crescendo", et conclut en évoquant un roman "admirablement ciselé". Mais avons-nous seulement lu le même livre ? La question mérite d'être posée, tant je ne reconnais pas dans ce panégyrique l'œuvre que j'ai lue.
Nerveux n'est pas à proprement parler l'adjectif qui me vient à l'esprit en premier pour décrire ce roman et, à quelques exceptions près, je n'ai pas trouvé que les situations étaient spécialement tendues ni qu'elles allaient crescendo ; au contraire, il m'a plutôt semblé que ces situations s’enchaînaient à bâtons rompus : le personnage principal vieilli de neuf ans en 230 pages, le roman est donc pourvu de nombreuses ellipses temporelles qui font que l'ensemble m'ait apparu un peu décousu.
La plume de Dylan Landis est jolie, mais je n'ai jamais réellement été absorbé par l'histoire de Rainey Royal, adolescente de quatorze ans – au début du roman – vivant avec son père, célèbre musicien de jazz hébergeant dans sa grande demeure de jeunes musiciens talentueux pour leur prodiguer quelques conseils et, lorsque les musiciens sont des musiciennes, les gratifiant également d'un autre genre d'enseignement à l'aide d'un tout autre instrument.
En résumé, je dirais que ce roman manque de liant et d'une trame digne de ce nom pour réussir à dépasser le simple statut de livre plaisant.