Faisant partie des derniers récits publiés par l'auteur, Dans L'abîme du Temps n'obtiendra pas le succès escompté, et donnera alors l'impression d'être une bien maigre lettre d'adieu de l'auteur, quelques temps avant son cancer.
Et pourtant, ce récit narrant la quête de réponses d'un homme n'ayant plus aucun souvenir de sa vie sur une période de plusieurs années, donne à réfléchir sur ce qu'aurait prévu l'auteur si le récit avait marché. En effet, si la notion d'esprit humain déplacé, ou remplacé par celui d'extraterrestes, ne datait déjà pas d'hier, Lovecraft semblait avoir pour ambition d'enfin concilier la science-fiction avec son univers, lui qui y avait tant réticent jusque là (on se rappellera son récit Cosmos Effondrés, véritable pied de nez au genre).
Cette quête de réponse, donc, se voit rapidement mélangée avec la peur primale d'un homme qui aimerait intérieurement que tout ce qu'il voit en rêve ne soit bel et bien pas des réminiscences de sa vie perdue, mais simplement des hallucinations. Jusqu'ici, il était rare de voir un personnage, chez Lovecraft, s'attacher à distiller le réel, le tangible et le concret, dans son expérience hors du commun et du temps.
Mais les réponses à ses questions finissent par lui revenir, par fragments, et l'amène alors à une expédition minière au cœur de l'Australie qui pourrait bien confirmer ses craintes les plus inavouables.