De grasses corneilles sautillaient dans les champs nus
L’automne grisé installait son humidité
Le vent froid les assaillait bruyamment par flux
Ebouriffant leurs plumes, les faisant divaguer
La terre noire s’étalait à perte de vue
Il faisait sombre et la scène semblait récuser
Toute idée de soleil une chaleur inconnue
Tout espoir de ferveur d’un feu de cheminée
Alors un peu plus le ciel maudit s’obscurcit
Coton gris, ambiance terne et électrifiée
Où les chars du chaos évoluent à grand bruit
Nuages plaintifs se répandant en pitié
Crevant soudain pour inonder tous les fruits
Absents de cette terre vide et tourmentée
Mur d’eau serré dont le cœur est une mélodie
Rythme d’un marteau céleste violent, agité.
Sur la ligne de vie horizon incertain
Une cabane se détachait tel un refuge
Dans les ténèbres lourdes d’un soir de vin
L’humain s’approchait pour échapper au déluge
Sa torpeur le guidait, un bâton pour soutien
Plus il approchait plus il rêvait d’un jardin
Pour calmer son angoisse, échapper au grabuge
De sa route cabossée, de son maigre destin
A gauche une sombre forêt dressait sa futaie
Maigre muraille qui ployait sous la pluie de fer
Les hêtres et les pins grêles tristement y bruissaient
Près du refuge un large étang sans caractère
Un canot au milieu sur l’onde comme figé
La solitude de ce lieu sans lumière
Piqué de feuilles jaunies, de flaques étalées
Était dure au marcheur fatigué sans frontière
Il faut la gagner cette envie de liberté
Où la simple lumière d’un foyer fait envie
Secours d’un havre de paix chèrement gagné
Solitude en pointillés mais rythmée de vie
De regards francs, réconfort de cette société
Apaisant un corps lourd maintenant assagi
Dormir n’est pas pénible si on a bien marché
Au lever écrire gaiement une poésie.
Le voyageur sortit alors son carnet et devant la fenêtre s’imprégnant du paysage désolé il commença à écrire :
De grasses corneilles sautillaient dans les champs nus…