Dans la cage par BibliOrnitho
"La cage" désigne le petit réduit dans lequel se trouve le télégraphe : la grande partie de l'action de ce roman se déroule dans un bureau de poste de Mayfair, un quartier huppé du centre de Londres. L'héroïne y travaille alors que Mr Mudge, son fiancé, aimerait la voir changer de secteur afin qu'elle se rapproche géographiquement de lui et qu'ils puissent enfin se marier.
Mais notre héroïne ne semble pas pressée. Non pas qu'elle n'ait pas envie d'épouser Mr Mudge, mais elle se plait à vivre parmi la haute bourgeoisie. Grace aux télégrammes que les riches propriétaires du quartier envoient par son intermédiaire, elle apprend à les connaître intimement, et vit leur existence par procuration.
Au fil des semaines, des mois, elle parvient même à remarquer le jeu d'une femme et d'un homme qui, au moyen d'un code, entretiennent une liaison adultère. Lady Bradeen et le Capitaine Everard lui confient leur correspondance clandestine : peu à peu, la jeune postière parvient à reconstituer leur histoire et même à les aider dans l'aboutissement de leur relation...
Ce roman est d'une grande originalité dans l'oeuvre de Henry James. Cette fois, l'héroïne est extérieure à l'histoire d'amour. Elle se contente d'observer avant d'aider le capitaine avec lequel elle finit par sympathiser. Comme le lecteur, la jeune femme est une spectatrice, ce qui est est très inhabituel chez James.
Ce roman s'inscrit dans la dernière période de la vie de l'auteur : globalement, à partir des années 1895 et jusqu'à la fin de sa vie, Henry James écrit de façon plus indirecte : ses personnages se comprennent souvent d'un regard d'intelligence, un mot bref leur suffit à s'expliquer une situation qui demeure souvent assez confuse pour le lecteur. Les nombreux non-dits qui apparaissent alors dans sa prose rendent ses nouvelles et romans plus abscons, plus ardus à suivre. Le lecteur devine davantage qu'il ne lit. A mon sens, les lecteurs désireux de connaître Henry James doivent débuter par des romans plus anciens : ceux qui me séduisent le plus, sont ceux que l'auteur a écrit entre 1875 et 1890, période durant laquelle, je le trouve au sommet de son art (dans ses jeunes années – 1860 et début des années 1870 –, ses livres sont plus simples, moins profonds, ses personnages un peu moins fouillés).
Un livre assez difficile à suivre donc. Par moment, il est évident que l'héroïne elle-même hésite : mais après tout, elle comme nous, ne faisons qu'observer et deviner. Mais interprétons nous correctement les indices qui se présentent à nous ?
Un nouveau bon moment de lecture en compagnie de mon cher Henry !