A lire, et à relire!

J'aimerais vous faire partager mon avis sur ce livre. Il est surprenant, agréable, bien documenté, écrit dans un style léger et simple, bref, bourré de qualités!

On va en piocher une au hasard et je vais la développer pour le plus grand plaisir de vos pupilles!

La couverture.

Combien de fois me suis-je arrêtée en pleine lecture pour regarder le dessin d'un air perplexe en constatant qu'il y avait erreur sur l'apparence du héros, du paysage, un mauvais effet photoshop digne d'un maternelle patouillant sur paint... Il faut me croire, là, elle fait partie des qualités du livre! Car elle est très fidèle à l'image qu'on se fait de Théo!

Il faut dire aussi, encore heureux que le dessin colle au texte, parce que le dessin, le journal de Théo en est truffé! J'aime bien l'idée décomplexée, évidente, d'insérer des images dans un journal intime de mangaka en herbe, parce qu'on oublie qu'un dessin dans un livre, ça fait pas forcément bébé! Conclusion : il nous faut remercier Sinath, l'illustratrice, sans qui l'histoire n'aurait pas la même saveur.

Une autre qualité, maintenant! Le ton donné par l'auteur. Il est facile de s'y retrouver, sans être trop léger il n'est pas excessif. On surfe sur les humeurs de Théo, en pleine crise d'adolescence, ces moments-clés où l'on grandit, ces rencontres déterminantes dans nos vies... et nos passions et nos amis, et nos coups de gueules, et les profs, et les parents, et tout ça tout ça !! Théo a une vie bien remplie mais Éléonore Cannone reste dans des brèves mesurées, ce qui fait qu'on glisse sur l'histoire de façon très agréable, on a une immersion correcte et en même temps, on peut s'en détacher facilement. (c'est pas l'arrêt de bus ou j'descends là moi? ou le prochain? chépu! Faut que j'arrête!)

Ensuite, point non négligeable : les informations. Ce roman est baigné dans la culture japonaise. Combien de choses japoniaiseuses (dixit ma moitié dans la vie) ai-je dû subir avant de tomber sur cet auteur qui s'y connait un minimum, qui aime l'univers et chez qui ça se sent. En option bonus, auteur qui sait aussi, que ses lecteurs ne saisiront pas tout des subtilités du vocabulaire nippon. Aussi a-t-elle annexé un lexique, qui comprend entre autres des mots japonais et des résumés rapides d'oeuvres contemporaines. Ainsi, le lecteur lambda un peu paumé récupère des informations en vrac sur ce qu'est une musha, la différence entre un hikikomori et un otaku, FF & Tales of', Bill Kaulitz (à ne PAS assimiler avec quoi que ce soit de japonais!) ect, le tout, sans prendre le lecteur du "dico de Théo" pour un inculte ou un sous-lecteur "Si tu lis cette annexe, tu n'es pas diiiigne de liiiiire mon liiiivre!!!!" Vraiment chic, vous dis-je. Je suis certaine qu'un lecteur qui n'y connait rien aux animés ou aux jeux vidéos peut prendre plaisir à suivre les aventures quotidiennes de Théo!Nous en sommes rendus au dernier point majeur : l'effet de surprise. Je ne sais pas si c'est moi qui ai lu un peu trop vite au début, ou si c'est voulu par notre malicieuse écrivaine du jour, mais je n'ai compris mon erreur qu'au début du mois d'octobre. Hum, je veux dire, page 55. Vous n'en saurez pas plus, pour ne pas gâcher votre propre surprise. Au pire, foncez à la librairie la plus proche et regardez le dessin à cette page, évocateur! Donc, si ce détail était voulu, au fil du récit, on réalise la maîtrise de la plume par la main qui imagine les péripéties de Théo. On ne nous fait pas languir, on ne nous prend pas pour des billes, on nous fait plaisir, on a la cervelle qui pétille! Et puis on se marre, ce qui n'est pas rien! Faire rire ses lecteurs à dose correcte, c'est du boulot!Le dernier point ne sera pas des moindres... il sera sur mon personnage préféré. Lire des passages sur cet homme mystérieux m'a fait plus mal que je le ne pensais, car pour moi, il n'a aucun mystère. De fait, j'ai moi aussi un Takeshi Ishiguro dans ma vie. L'amitié de Takeshi et de Théo est peu conventionnelle, mais tellement vivifiante pour l'un et l'autre. Si fructueuse. Si importante pour Théo, qui n'aurait jamais poussé de façon si harmonieuse sans ce petit tuteur pour la lancer, jeune pousse, à travers le ciel des possibles. Takeshi est un personnage qui a donc pour moi une réalité, une épaisseur exceptionnelles. Je me dis, un jour, j'offrirai ce livre à mon Takeshi personnel, s'il peut comprendre... comme un remerciement, l'expression de ma gratitude la plus profonde, la plus sincère. Un jour, si j'ose...

Laboukineuze - 04/02/2012

EDIT : C'est ma particularité en tant que critique, ça m'arrive de préférer relire des livres plutôt que d'aller froisser de nouvelles pages. Mais c'est la rentrée, mon Takeshi me manque, alors je m'y suis replongée. Non, je ne les lui ai toujours pas offerts, mais je pense que je lui prêterai mes exemplaires. Exemplaires que j'espère voir un jour gribouillés par l'auteure (mais comme elle est très discrète sur internet, c'est mal parti) et l'illustratrice (qui semble plus disponible)

Bref! Que rajouter à cette critique? Une chose (au moins) : plus qu'un livre, cette histoire est un tremplin. Une chanson trône à chaque début de chapitre, parfois d'un groupe célèbre. Et ça donne envie de voir quel son est associé à ce chapitre, afin de rentrer dans une nouvelle dimension de l'univers de Théo. Le dico nous donne une description succincte de jeux vidéos, de mangas, de films, de dramas ou d'animes, et ça titille un peu. "Bon allez, je vais m'y mettre à Vampire Knight, comme ça, je comprendrais mieux!". On a aussi envie d'aller au musée pour voir si on n'aurait pas la même réaction que Théo devant un tableau. Je me demande si le café "le clair de lune" existe...