A force de lire Robert Charles Wilson je commence à comprendre ses mécaniques, un événement change la face de monde, l'auteur nous fait suivre, souvent avec une chronologie particulière, plusieurs personnages dont les péripéties se situent proche des figures les plus importantes de l'humanité mais sans en être exactement les héros.
1912, l'Europe telle que le monde la connaît disparaît. Juste avant le premier conflit mondial, toute trace des Européens est effacée, les constructions, les nations, tout est comme volatilisé, seule subsiste une géographie des côtes et des massifs très similaire. Similaire, mais pas identique, car la faune et la flore sont inconnues et des traces d'évolution indigène sont mises à jour.
Le monde est dans un premier temps horrifié des millions de disparus (sont-ils morts ?) conséquences du "miracle", mais la nature humaine étant ce qu'elle est, les velléités de conquête apparaissent bien vite et l'Europe se trouve rapidement envahit par une "colonisation à l'envers" des Américains qui s'opposent aux vestiges du Commonwealth. C'est dans ce cadre qu'est lancée l'expédition Finch ayant pour but de traverser les Alpes pour en apprendre d'avantage sur ce nouveau continent. L'expédition scientifique est constituée d'un assemblage hétéroclite de scientifiques darwiniens ou religieux, d'un trappeur, d'un éleveur de bête de trait et du héro du roman, Guilford Law, jeune photographe de l'équipée. Je tairai le développement de l'intrigue par la suite mais sachez tout de même que l'aspect science-fictionesque éclate réellement vers la moitié du roman.
Le schéma Wilsonien évoqué plus avant est partiellement respecté, malheureusement, le point qu'il transgresse est je crois celui qui m'intéresse le plus dans son travail. Le héros Guilford, se retrouve très rapidement plus acteur qu'observateur de l'intrigue. Il ne possède pas le recul sur les événements qu'ont d'autres personnages de RCW, Adam est l'ami du grand homme dans "Julian" ou Tyler qui finalement n'en est que le voisin dans "Spin". L'auteur manie moins bien l'ambiance de son récit que dans ces deux exemples.
Attirant dans son concept, ce roman semble a posteriori un essai grandeur nature des principes de narration qu’utilisera par la suite l’auteur et il n’est pas exempt de défauts très pénalisants pour moi. Le rythme est une vrai catastrophe, extrêmement lent à se mettre en place, Wilson part dans un délire « hard-science » tout a fait indigeste passée la moitié et l’intérêt de la lecture en souffre sévèrement. On ne ressent pas du tout ce qui fait la force de l’auteur dans ses autres productions, des personnages éminemment humains dont le devenir nous importe à nous lecteurs.
Une excellente idée de départ, qui mériterait une réécriture du roman avec le style actuel de Wilson, dans l'état, une déception 5/10