Publié en 2007 juste avant le déclenchement de la crise des subprimes, «Das Kapital » n’est pas qu’une satire informée et particulièrement juste du capitalisme financier, sans autre morale ni valeurs que celle du profit, mais un missile étonnamment poétique lancé à la tête du capitalisme, écrit par un auteur polyglotte à l’identité millefeuilles, et dont l’action se déroule entre Manhattan, la ville de Marseille et la forêt Corse.

Wayne, trader à Manhattan, un « gagneur » qui amasse des millions pour sa société, Empiricus Capital, en anticipant et en quantifiant le chaos et les désastres à venir, va conclure une alliance surprenante avec un Corse profondément épris du maquis de l’île, écœuré par le capitalisme, ayant perdu un emploi qui le rendait malade (pour une entreprise de cartonnages qui menait une déforestation systématique, et notamment dans l’île de beauté), avec pour maillon explosif entre eux deux, Alix, étudiante en architecture à Marseille et dont la passion est de marcher sur les toits.

«Puis les États-Unis larguèrent des bombes antibunker sur la Syrie et Wayne se sentit vengé après cette longue attente. Les écarts de swap fluctuèrent follement. Les cotations s’envolèrent comme si les dieux de la science avaient lancé une fatwa sur les marchés financiers. Il n’y avait tout simplement plus d’acheteurs. Il avait prédit tout cela avec une certitude mathématique. Le Dow perdit 315 points, le Nasdaq chuta de 91 points. Dans un geste de désespoir, un trader sauta du toit du MetLife Building. Wayne attendit patiemment la prochaine faillite mondiale, un prétendu événement 10-sigma : une monstruosité statistique qui ne devrait jamais se produire durant toute la durée de l’existence de la Terre.»

La correspondance de Wayne par emails et sa rencontre avec Alix, en même temps qu’une évolution des marchés à l’encontre de toutes ses prévisions, va profondément perturber le trader et réveiller son humanité.

«Depuis qu’il s’était mis à correspondre avec Alix par emails, d’étranges idées occupaient son esprit. Il se demanda si les idées humaines pouvaient etre représentées sous forme de diagramme de la même façon qu’une obligation d’État.»

Extravagant et poétique, «Das Kapital » souligne la puissance de l’amour mais aussi qu’à vouloir triompher du (ou dans le) capitalisme, et construire sa gloire en le dynamitant, on peut se retrouver prédateur et proie d’un système dévorateur.
MarianneL
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le 29 déc. 2013

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