Cela fait désormais de longues années que j'apprécie tout particulièrement la plume d'Irène Némirovsky, cette romancière française d'origine slave dont le destin fut aussi bref que tragique.
Elle a de mon point de vue un talent immense et la construction narrative de ses romans ou nouvelles m'enchante toujours. J'apprécie ses personnages faciles à imaginer sans pour autant tomber dans le cliché ; et par dessus-tout, l'atmosphère de l'entre-deux-guerres qu'elle dépeint comme personne puisqu'elle l'a vécue.
"David Golder" est un roman sur l'influence de l'argent dans les rapports sociaux. A bien des égards, cela m'a rappelé le roman "L'Argent" d'Emile Zola.
Homme d'affaires et juif new-yorkais ayant fait fortune en Europe dans les énergies, David Golder vieillit et se découvre malade. Ce bourreau de travail, ce voyageur business infatigable est stoppé net dans son élan par les signes précurseurs de graves problèmes de santé, pouvant entraîner la mort.
Ce constat change brutalement ses perspectives et son regard sur son entourage : sa femme vénale, sa fille intéressée, les "amis" parasites qui envahissent sa villa de Biarritz pour se gaver à sa table. Pour David Golder, c'est le moment de faire tomber ses œillères, pour le pire et... le pire.
J'ai été touchée par le personnage de David Golder et j'ai surtout souffert pour lui de la rapacité et de la vénalité qui l'entourent jusqu'à l'encercler. Les figures féminines sont traitées sans fard ni miséricorde ; on ne peut pas dire que l'autrice leur ait donné le beau rôle mais cela donne encore plus de puissante au récit.
Encore un bel opus qui fait réfléchir et souffrir.