De bons présages par Kameyoko
J'ai pas mal apprécié ce roman réunissant ces deux monstres sacrés de la littérature britannique. Le début est assez difficile puisque le style est quand même assez particulier, il faut un temps d'adaptation. De plus, on ne saisit pas trop où veulent nous amener les auteurs. A part l'ange et le démon, on ne comprend pas trop ce que viennent faire les autres personnages comme Newton Pulsifer, Shadwell, les Eux.... C'est très difficile pendant les 100 premières pages de trouver un fil conducteur à tout ça. Il y a aussi quelques longueurs. Mais petit à petit ça se dessine et les personnages prennent de l'importance au fur et à mesure. C'est donc dans une seconde partie de roman que les pièces commencent à s'imbriquer.
De toute façon la trame narrative est assez difficile à expliquer tant les situations incongrues s'enchaînent.
Mais ce qui fait la force de ce « De Bons Présages » n'est pas forcément l'histoire mais plutôt ses personnages loufoques, déjantés mais terriblement attachants; ainsi que l'humour omniprésent avec des situations rocambolesques, des quiproquos, du second degré, du cynisme, des digressions...
Neil Gaiman et Terry Pratchett ont vraiment réussi à créer des personnages loufoques mais qui au final nous sont attachants. Je pense notamment aux deux principaux protagonistes : Aziraphale et Rampa qui sont très attachants (surtout Rampa). Alors qu'ils représentent un camp, ils sont loin d'être aussi manichéens que ce que l'on pourrait penser.
Même les personnages secondaires sont très intéressants. Que ce soit le dénonciateur « Monsieur Tyler« , le terrible chien des Enfers « Toutou« , ou la « voyante » ou bien encore les « Eux »; tous ces personnages sont très typés mais savoureux. Il s'en dégage un petit quelque chose de difficilement descriptible mais délicieux.
Le personnage, qui serait presque le plus normal est l'AntéChrist. Ce dernier est un enfant tout ce qu'il y a de plus classique qui s'imagine son monde. Sauf que lui, avec ses pouvoirs, peut donner vie à son imagination.
J'ai adoré les noms complètement débiles des personnages (apparemment c'est la griffe de Pratchett). Rien qu'avec les noms on s'amuse : Vous-ne-commettrez-point-l'adultère Pulsifer, les autres cavaliers de l'Apocalypse : Cruauté envers les animaux, Bières Sans Alcool ....
L'humour est également très présent et globalement réussi. On notera cependant des blagues qui tombent un peu à coté. Néanmoins, l'humour « so british » est bien présent avec des scènes rocambolesques, des personnages complètement hallucinants, du second degré, de l'ironie....
J'ai particulièrement aimé les digressions dans le notes de pieds de pages. Souvent ces précisions sont complètement inutiles donc indispensables. Elles sont bourrés de détails insignifiants mais ça en est jouissif.
Faire la critique de ce livre est vraiment quelque chose de périlleux. Je reste intimement persuadé que c'est une expérience à part. Il faut lire le livre et juger par soi-même et ne pas s'arrêter à la lecture des critiques. Tout le livre est trop déjanté et trop spécifique pour être retranscris fidèlement dans un article.
Comment voulez-vous faire un article en parlant d'apocalypse, de motards de l'Apocalypse qui chevauchent des motos d'occasion improbables avec des cuirs Hell's Angles, d'inquisiteurs, de Toutou des Enfers, de tibétains creusant des trous, d'atlantes ou bien encore d'extra-terrestres, de démon, de Princes des Enfers, de Dieu, d'anges....?
C'est peut être la première fois sur ce blog que je conseillerai presque de ne pas tenir compte de cette critique et de faire l'expérience vous-même. C'est tellement spécial que certains détesteront, d'autres crieront au génie.
Personnellement, sans crier au génie, je me place du coté des amoureux du livre. Il regorge de bonnes choses même si tout est loin d'être parfait. Mais voilà, la plume des auteurs confèrent à cette œuvre un caractère particulier qui est indescriptible.