De l'âme
7.5
De l'âme

livre de Aristote ()

Que dire face à ce livre ? Une construction de toute beauté, parfois ardue...

Bonjour à tous,


Me voilà devant vous avec ce livre ! Pourquoi ? Et bien, je dois reconnaître qu' à part quelques maniaques, ou spécialistes, ce livre reste très majoritairement inconnu du grand public... Pourtant quelle richesse il nous enseigne...


De quoi parle ce livre ? De l' âme ! Évitons les banalités, je vous en prie ! Donc, de quoi parle de livre ?


Qu’est-ce que l’âme ? A cette question, Aristote avoue d’emblée ne pas savoir répondre, et doute même qu’on puisse y répondre de façon satisfaisante Nul doute, en revanche, que l’âme existe. Elle existe pour de multiples raisons, celle-ci d’abord que toute chose dans la nature a son principe — « la nature ne fait rien en vain » 


si le vivant existe, c’est donc en vertu d’un principe propre de la nature, principe qu’au temps d’Aristote on appelait ???? — le souffle, l’âme. Mais l’âme existe aussi parce que le vivant prend des formes très différentes, parce qu’il y a des espèces distinctes et que seuls les individus de la même espèce ont les mêmes organismes, ont la même organisation des facultés, et peuvent se reproduire ensemble, ce qui montre bien qu’il y a des « formes » distinctes, différenciées de la vie, de l’âme. Il y a de l’âme parce qu’il y a la possibilité de sentir, d’imaginer, de penser, et il faut bien qu’il y ait « quelque chose » qui rende cela possible et coordonne toutes ces facultés chez l’être vivant. Pour ces raisons, et bien d’autres, il y a de l’âme. Mais ce qu’elle est, Aristote doute de le savoir ; et s’il se voit obligé, à un certain stade de sa réflexion, de proposer une « définition », il nous montrera amplement dans la suite du texte que, stricto sensu, elle n’en est pas une.


Donc, Aristote se montre plus hypothétique qu' affirmatif.


Mais, partons plus dans le détail !


Aristote, dans le premier des trois livres qui composent l'ouvrage "De l'âme" recense toutes les philosophies antérieures à la sienne qui ont tenté de définir l'âme. Il en montre les erreurs, contradictions en soulignant aussi quelques belles idées, cependant frappées, in fine, d'incohérence.


"(...) Ainsi tous les penseurs définissent l'âme, peut-on dire, par ses trois caractères : le mouvement, la sensation, l'incorporéité, dont chacun est rapporté aux premiers principes. C'est pourquoi ceux qui la définissent par la connaissance, en font un élément ou la dérivent des éléments, et leurs dires respectifs se rejoignent à une exception près." -p.18-19


"Il y a donc trois manières traditionnelles de définir l'âme : les uns la déclarent le principe moteur par excellence parce qu'elle se meut elle-même, d'autres en font un corps, le plus subtil ou le plus "incorporel" de tous (les difficultés et démentis que rencontrent ces opinions ont été suffisamment exposés ci-dessus). Reste donc à juger l'opinion qui constitue l'âme en partant des éléments." -p.31


Dans le livre second, Aristote va déployer son champ de pensée. Il va profondément inspirer Saint Thomas d'Aquin et, au-delà, préfigure, dans la compréhension du "corps", un élément essentiel de la foi chrétienne exprimée dans le Credo - symbole des Apôtres - : "Je crois en la résurrection de la chair" ce que le métaphysicien catholique français Claude Tresmontant avait justement traduit par "corps". Ainsi le corps sans l'âme ne se conçoit pas. On parle de cadavre quand l'être est mort.


" L'âme est l'entéléchie première d'un corps naturel possédant la vie en puissance. (...)
"Ce qu'est l'âme : une substance au sens de forme, entendons : l'essence propre de tel corps déterminé." -p.40 *


Semence et le fruit sont en puissance un corps de cette sorte.


"L'âme n'est donc pas séparable du corps du moins en certaines de ses parties, si la nature admet la divisibilité."


"Le principe de notre recherche -que ce qui distingue l'animé de l'inanimé, c'est la vie. Or il y a plusieurs manières d'entendre la vie, et il suffit qu'une seule d'entre elles se trouve réalisée dans un sujet pour qu'on le dise vivant : que ce soit l'intellect, la sensation, le mouvement et le repos (...), enfin le dépérissement et la croissance" -p.42


"(...) l'âme se trouve dans un corps, dans un tel corps déterminé. on ne peut donc, à la façon de nos devanciers, la faire entrer dans un corps et l'y adapter sans préciser aucunement la nature et la qualité de celui-ci : l'expérience montre, au contraire, que n'importe quoi ne peut recevoir n'importe quoi. La même conclusion résulte aussi du raisonnement : pour chaque chose l'entéléchie se réalise par loi de nature dans le sujet en puissance, c'est-à-dire en telle manière appropriée. L'âme est donc une certaine entéléchie et la forme de ce qui est en puissance tel être déterminé" -p.45


Livre III


L'intelligible pratique, l'intelligible théorique, les sensations : par l'expérience, l'observation s'éprouvent, se sentent, se conçoivent (rapport des qualités). Aristote place au coeur de sa philosophie la nécessité de l'expérience. Il s'oppose ainsi, d'avance, aux folles prétentions de l'idéalisme qui place dans l'être humain, de manière innée en quelque sorte, le savoir.


"Nous dirons à nouveau que l'âme est, en un sens, tous les êtres. Les êtres sont en effet ou sensibles ou intelligibles : la science s'identifie en quelque sorte aux objets du savoir comme la sensation aux objets sensibles.(...). On sait que science et sensation se divisent de la même manière que leurs objets : considérées en puissance, elles correspondent à leurs objets en puissance, considérées selon l'acte, elles correspondent à leurs objets en acte. En l'âme même les facultés sensitive et intellectuelle sont en puissance leurs objets : l'intelligible d'une part, le sensible de l'autre. Mais il s'agit nécessairement ou de ces objets en eux-mêmes ou de leurs formes. Que ce soit les objets mêmes, c'est impossible : ce n'est pas la pierre qui est dans l'âme, mais sa forme. Aussi l'âme est-elle analogue à la main : comme la main est un instrument d'instruments, l'intellect à son tour est forme des formes, tandis que le sens est forme des qualités sensibles. Mais puisque nul objet, semble-t-il, ne peut exister séparé des grandeurs sensibles, c'est dans les formes sensibles que les intelligibles existent, tant ce qu'on appelle les "abstractions" que toutes les qualités et attributs des objets sensibles. Voilà pourquoi si l'on n'avait aucune sensation, on ne pourrait non plus rien apprendre et comprendre; et d'autre part, lorsque l'on pense, la pensée s'accompagne nécessairement d'une image, car les images sont en un sens des sensations, sauf qu'elles sont sans matière. L'imagination est pourtant différente de l'affirmation et de la négation, car c'est en tant que synthèse des concepts que réside la vérité ou l'erreur. " -p.97-98


Toutes ces idées demanderaient un long développement. Mais, pour ne pas ennuyer mon lecteur, je vais m' arrêter ici. Mais, le livre est beaucoup plus riche que cela ! Je n' en ai fais qu' une esquisse très succincte, et rapide.


Sur ce portez vous bien. Lisez mes enfants, lisez ! Dans ce monde numérisé, où on est agressé continuellement par toutes sortes de sollicitations visuelles et auditives, la lecture nous sauvera ! Notre intelligence ne peut se développer sans la lecture ( et le vécu ) ! La lecture est la respiration de l' âme ! Comme la prière ? Peut-être bien, jeunes gens !


Un auteur célèbre a dit " Ceux qui prient font beaucoup plus de bien pour le monde, que ceux qui combattent ".... Je vais m' arrêter là dans mon apostolat, si apostolat, il y a ! Qui sait...


Prenez soin de vous ! Tcho. Lisez Aristote ! C' est un génie qui dépasse amplement Platon ( trop sectaire à mon goût ). Il le mérite ! @+.

ClementLeroy
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le 18 août 2017

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San  Bardamu

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