Je préviens : cette critique sera sous spoiler. En effet, beaucoup d'éléments qui seront donnés révèlent des twists de fin de lecture. Il est donc fortement recommandé de lire cette critique qu'une fois que vous ayez lu le livre. Pour ceux qui voudraient quand même un avis rapide : ce livre est excellent, et conclut dignement la Trilogie des Singes de la Bêtise. Mais plus important encore : l'auteur donne tout son âme à cet ouvrage, ce qui le rend unique. Le livre n'est pas très cher (3 euros en ebook), donc si vous hésitez, foncez, je vous assure que l'investissement en vaudra la chandelle.
Passons maintenant à la critique avec spoil :
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Dans Deaf, le scénario n'est pas vraiment centré sur Manon. Ni même sur Camille. En fait, le roi Jules VI et le royaume de Landry passent même au second plan pendant une bonne partie de l'ouvrage. En revanche, Edward et son livre trouvé dans une bibliothèque, Cœur Mort, feront partie intégrante du récit. Une histoire qui a première vue à l'air mauvaise — Edward et même l'auteur ne cesseront de vous le rappeler — mais qui est pourtant captivante. En fait, on ne peut pas vraiment quitter les yeux de Cœur Mort, malgré sa médiocrité. Edward non plus. Si vous n'avez pas encore remarqué, il fait beaucoup de remarques que vous devrez certainement partager. Et c'est normal. Car Edward, c'est vous, le lecteur. Si vous arrêtez de lire Deaf, il s'arrête aussi, mais si vous continuez de le lire, vous continuerez de lire Cœur Mort. Sans pouvoir y décrocher.
Cœur Mort est une œuvre médiocre, mais sa médiocrité est assumée par l'auteur, n'hésitant pas à tourner en dérision son propre ouvrage. Et c'est cette autodérision qui va lui donner une certaine force, le rendant partiellement intouchable. Il est en effet difficile de critiquer une œuvre où l'auteur se donne à cœur joie pour critiquer ses propres défauts.
Vers la fin de l'ouvrage, vous reviendrez vers Deaf... Pour constater que le quatrième mur se brise — dans le sens propre comme dans le sens figuré —, que Manon revient au premier plan, que toutes les œuvres se mélangent, et que le Scribouillard est en réalité... L'auteur lui même. Et le livre n'est qu'une autobiographie de sa vie. Certes, elle est organisée de façon un peu spéciale, mais cette spécialité lui donne son originalité.
Vous finirez enfin sur un excellent final, entre le dernier combat, la mort du Scribouillard, et la libération des personnages de leur funeste destin — le Scribouillard étant mort, ils étaient censés disparaître, mais ils ont réussi à se rebeller, et à libérer Manon de son rôle de Reine des Pressions.
En bref, le livre révèle plein de détails sur la vie de l'auteur, sur son passé, et simplement sur lui, et c'est tout cela qui permet de rendre la lecture vivante, agréable, et surtout, prenante. Il est indéfinissable en genre mais remplit tout à fait son rôle : celui de captiver le lecteur. """