Très bon livre sur le métier de vigile à Paris, à Séphora, dans les galeries commerciales, le long des Champs Elysées.
Après un prologue où il décrit l'embauche de nouveaux vigiles le long d'un escalier, par d'anciens vigiles aujourd'hui à leur compte, l'auteur raconte les péripéties de trois générations d'occupants de la Maison des Etudiants de la Côte d'Ivoire (MECI) à Paris.
Aux premières générations, glorieuses, d'ivoiriens venus étudier avant de rentrer au pays, très politisés, se succèdent les immigrés illégaux, s'entassant dans les chambres en sous-location, n'ayant qu'une seule idée en tête, mettre de l'argent de côté pour pouvoir vivre mieux.
Le récit alterne les passages à la MECI, par périodes de 10/20 ans, racontant les trente glorieuses puis la crise de 1974 d'un point de vue ivoirien, à des définitions courtes, fantaisistes, de la vie de tous les jours d'un vigile. Les relations entre vigiles, les raccourcis qu'ils prennent pour parler des clients, chapardeurs potentiels, les petites anecdotes, un nombre impressionnant de théories sur le genre humain que Gauz se plait à imaginer. Beaucoup de faits sont très précis, très documentés, ce qui me fait penser qu'il devait les consigner régulièrement pour ne pas les oublier. Une somme de données impressionnante.
Mais qui fait quand même pâle figure devant les récits de fiction. Je trouve un peu dommage qu'il ait aéré son livre comme ça, il aurait pu tirer une vraie histoire, suivre ses personnages au fil des années, créer un vrai travail de fiction, bref, un vrai roman. Avec son style, ça aurait été vraiment passionnant.
Au lieu de ça, on a ces petites définitions souvent très drôles, quelquefois un peu péremptoires.
Quoiqu'il en soit, c'est un très bon livre, bourré de trouvailles, d'une imagination débordante, avec un regard vraiment original sur la société parisienne, révulsant parfois, sur les écarts de richesse. Vous ne verrez pas les grandes enseignes parisiennes de la même façon après sa lecture.