Un essai court, dense et diablement efficace qui nous livre, sous la forme d’une de ces conversations de repas de famille que nous connaissons bien, à la fois une photographie à l’instant T (la « version 2.0 » a été étendue à 2023) du milieu carcéral, une explication des causes mais aussi des perspectives d’amélioration.
Parce que cette photographie n’est pas jolie à voir. Sans donner tous les chiffres de l’ouvrage (il n’y en a pas non plus des pelletées, ce qui le rend assez digeste), certains nous restent bien en travers de la gorge : 123% de taux moyen d’occupation (certaines maisons d’arrêt arrivent à 200%!!), 59% de récidives. L’évidence : c’est inhumain, et ça ne marche pas.
On y apprend qu’1,5% des prisonniers seulement ont commis des crimes (viols, meurtres, violence aggravée). Pour tout le reste, il s’agit de détention provisoire, ou de peines courtes liées à des délits. Evidence n•2 : la prison n’est pas une solution efficace pour ces 98,5% de détenus, qui ont souvent besoin d’aide et d’accompagnement avant tout.
Et la prison ce n’est pas cela. Les études montrent qu’elle ne fait qu’encourager les comportements addicts, qu’elle infantilise, qu’elle coupe du monde (familial, amical, professionnel), qu’elles génère des PTSD… on apprend des choses sur les conditions de détention qui font froid dans le dos.
En l’état, pour une évaluation d’un directeur pénitencier, qu’est -ce qui compte le plus ? Le taux de récidive, le volet éducatif ou professionnalisant ? Nope. Le taux d’évasion bien sûr.
Pour ce qui est des perspectives d’amélioration, je vous laisse les découvrir dans l’essai. On apprend un mot qui fait du bien, et qui est plutôt joli : la désistance.
Pour le rendre plus mainstream, on aurait peut-être pu travailler encore davantage la forme de la conversation, y glisser un peu d’humour acide.
Mais en l’état, c’est déjà un manuel de combat très efficace pour lutter contre les tontons réacs.