Lula Ann croyait avoir réussi à reléguer très loin son enfance difficile.
Élevée par une mère distante qui considérait la noirceur de sa peau comme une malédiction, elle trouva son équilibre grâce à un faux témoignage.
Puis Lula Ann est devenue Bride, une belle jeune femme accomplie.
Mais il a suffi d'un homme, Booker, d'un départ, pour que tout resurgisse.
Au fil des époques et des points de vue, les blessures de Bride et Booker nous deviennent familières. Ces fardeaux si lourds à porter avaient été volontairement confinés au temps de l'enfance, permettant aux adultes de se construire. Mais la construction n'était que provisoire. Il est temps d'avancer, la confrontation avec le passé semble inévitable.
On retrouve avec plaisir, ce qui fait l'essence de Toni Morrison : la description de la classe pauvre afro-américaine avec une narration entre rêve et réalité. Le récit se lit d'une traite, peut être un peu trop vite justement. J'aurais aimé passé un peu plus de temps avec certains personnages. Beaucoup de zones d'ombre me laissent légèrement sur ma faim.