Livre dense et richement documenté (la bibliographie fait la taille d'un chapitre…) qui parcourt l'évolution d'usage du terme, de sa définition antique jusqu'à sa signification moderne.
Et bien quel parcours ! Du rappel que les démocraties sont souvent excluantes (les femmes, esclaves, étrangers, bannis n'avaient pas le droit de vote en Grèce antique ; similairement jusqu'en 1918/1948 aux États-Unis/France), jusqu'au mot qualifié d'impropre pendant longtemps, il est devenu interchangeable avec République (unification des tiers-états — ça rappelle le gommage de la lutte des classes…) et aristocratie élue. Sans parler de questions d'échelle : si ça se pratique bien localement, en démocratie directe, quand on bascule vers du fédéral/grande échelle avec de la démocratie représentative, les choses se gâtent (les experts restent des experts, le peuple est "incapable").
Terme excluant aussi, parce que la démocratie, tu l'aimes ou tu la quittes — c'est désormais louche de ne pas proner la démocratie. D'où l'apparition de termes comme anarchisme… qui revient aux sources de ce que demandait la démocratie il y a 200 ans : le peuple se gouverne dans son propre intérêt.
Lecture utile pour déchiffrer les discours modernes autour de l'emploi du mot, du paradoxe de vouloir une démocratie-républicaine, et de son sens très mouvant. Ça dépend tellement de qui l'emploit, et de qui veut en désire le pouvoir.