Nadine
Nadine, j'ai peur de t'écrire ce que j'ai à t'écrire petite soeur coeur grenadinepromenades sur une plage noire promesses sur une page blanchedans des couloirs trop longsdes portes ferméesdes...
Par
le 18 nov. 2023
9 j'aime
8
Le folklore contient des histoires, mettant en scène des héros et des monstres, des personnages féeriques. Il contient la mémoire des croyances oubliées et les fait vivre, sur le mode de la transmission orale ou écrite.
C’est à une lecture du folklore médiéval que nous convie Claude Lecouteux, l’historien ayant sans doute « intuitionné » son sens et sa valeur pour nos ancêtres, dans une démarche historique des mentalités. Sa thèse est la suivante : le folklore contient la mémoire de mythes très anciens. Une tradition très ancienne perdure à travers la déclinaison régionale des contes et légendes du pays. Le pays est lié à la terre. Et le lien à la terre conserve des implications relatives aux mythes. Nous allons voir lesquelles.
Au Moyen-Âge on appelait « géant » toute créature fantastique liée de près ou de loin au numen, l’invisible. Les géants étaient dotés de super-pouvoirs tels qu’une taille gigantesque ou au contraire minuscule, l’invisibilité, l’ubiquité… C’est en partant de l’interprétation du « géant » que Lecouteux dévoile progressivement son sens primordial, par-delà les strates historiques.
Au sein du folklore, le géant est une matrice, le résidu médiéval d’une croyance ancienne en les forces invisibles de la nature. Peut-être furent-ils à l’origine les grands arbres et les rocs saillants. Ou peut-etre étaient-ils la représentation des grands singes, nos cousins. Loin de l’épuiser, ces explications ne rentrent pas en contradiction avec le propos. Pour peu qu’on comprenne le culte de l’arbre comme un culte rendu à son esprit, non une idolâtrie, objet d’accusation par les romains sylvophobes.
Les géants sont aussi des génies du lieu, liés à la terre. Ils habitent forêts, lacs, rivières, montagnes. Ce sont les esprits de ces phénomènes naturels, mais il existe aussi des esprits des maisons, du foyer ou des fontaines. Ils sont également liés aux génies tutélaires et à la mémoire des ancêtres. Combien de dieux scandinaves, eux-mêmes ancêtres mythiques des hommes, descendent des géants ?
La révolution chrétienne opère une franche distinction entre deux conceptions du monde par le biais de l’idée de transcendance. Le monde n’est plus un vase clos dirigé par des forces contradictoires, mais l’acte d’une seule cause hors de l’espace et du temps. Pour autant l’homme-païen réapparaît en filigrane tout au long de l’histoire chrétienne. Le catholicisme hérite de formes de culte préexistantes. Les génies du lieux (landvaettir) sont réinvestis dans le culte des saints. La chapelle est édifiée près d’un pont comme afin de rivaliser avec l’esprit du lieu. Un oratoire se trouve à la croisée des chemins comme pour conjurer le génie topique.
Les behemots de l’Ancien Testament, fils des Anges avec les filles des hommes (lesquelles se voilent la tête pour ne pas séduire les anges qui les observent depuis le ciel – Tertullien) sont des figures de géants, ayant, entre autres, construit la Tour de Babel, et ayant survécu au Déluge. Beaucoup de lieux enfin conservent la trace de ces mythes anciens (« Gard » de « Dragon » inversé).
La croyance aux géants nous apprend que le monde était habité du merveilleux. Également que l’expansion de la civilisation ne marque pas uniquement un recul de la nature, mais avec elle du sacré. Le développement des villes s’accompagne d’une rationalisation de l’espace, le fameux mythe opposant le héros au dragon, au géant.
Avant de fonder une ville, il convient d’écarter les forces invisibles. C’est ainsi que des villes se bâtissent sur le meurtre fondateur d’un monstre, et qu’on trace un sillon en forme de cercle afin de délimiter l’espace sacré sur lequel on édifie un temple (de quelque religion qu’il soit) et autour duquel la ville se déploie, comme une manière de dompter l’esprit du lieu, le faisant transmuter de maléfique à bénéfique. L'origine des divinités poliades (protectrices des cités, exemple : Athéna) serait-elle le résultat d'une individuation d'un démon du lieu sous forme d'hypostase tutélaire ?
Démons et génies du terroir de Claude Lecouteux est vraiment une lecture fondamentale pour mieux comprendre le monde des Anciens
Créée
le 4 juil. 2023
Critique lue 21 fois
2 j'aime
Du même critique
Nadine, j'ai peur de t'écrire ce que j'ai à t'écrire petite soeur coeur grenadinepromenades sur une plage noire promesses sur une page blanchedans des couloirs trop longsdes portes ferméesdes...
Par
le 18 nov. 2023
9 j'aime
8
Adoptant une narration postmoderne (- certains bouts de phrases ne collent pas avec les images, - certaines phrases se suivent sans correspondre, - certaines fois la réplique est, dans le style le...
Par
le 9 août 2024
8 j'aime
1
Je n'ai pas terminé ce livre. Peut-être ne le terminerai-je jamais. Ce n'est pas important. La moitié que j'ai lue m'aura marqué comme peu d'oeuvres en sont capables. Dans sa préface, Louis Pauwels...
Par
le 20 févr. 2024
8 j'aime
2