Des éclairs de Jean Echnoz, biographie romancée du savant Nicolas Tesla, comporte 175 pages. Ce qui pourrait en faire un roman court. Mais voilà, vous pouvez déjà multiplier ce nombre par 3 et si cela vous amuse, calculer en fonction de cette indication le temps qu'il vous faudra pour le lire : c'est certainement ce qu'aurait fait Grégor-Nicolas, le héros de ce récit qui a la "manie de tout compter, perpétuellement", sauf l'argent et une affection irraisonnée pour les multiples de 3 (et aussi pour les pigeons mais c'est une autre histoire).
Donc vous pouvez prévoir de multiplier le nombre de pages par 3. Parce que chaque phrase est un délice, une surprise (de celles qui font naître le rire), vous la reprendrez depuis le début, pour vérifier, et encore une dernière fois pour le plaisir.
Voilà donc un roman que l'on lit comme un poème mais qui paradoxalement se dévore.
Très franchement, les histoires de courant alternatif, de champ magnétique, de centrales électriques et de pigeons m'ennuient plutôt d'ordinaire mais là cela devient passionnant.
Ma note pour ce roman est de 10/10 parce que je ne connais aucun auteur contemporain qui manie la langue avec autant d'élégance, de fantaisie et d'esprit. La lecture de Des éclairs relativise l'enthousiasme des critiques qui s'exprime un peu partout à propos d' autres romans de cette rentrée - pourtant plaisants - traitant de carte et de territoire, par exemple.