Dans tous les sens
Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...
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le 1 oct. 2017
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Écrit en marge d’un reportage télévisé, Des hommes en cavale est une compilation de cinq textes d’hommes ayant, pour des raisons variées, fui la police ou la prison – par ordre d’apparition Jean-Claude Pirotte, Yazid Kherfi, André Pauly, Cesare Battisti et Daniel Bloch. Littérairement – dans les prétentions et les résultats –, l’ensemble est variable, ce qui est logique pour un recueil qui réunit un braqueur sans trop de conscience sociale, un un écrivain « de métier » ou encore un intellectuel vaguement politique. Par ailleurs, certains témoignages se recoupent, d’autres divergent. Pas si sûr, d’ailleurs, qu’on puisse parler de véritables témoignages : la plupart des textes ne traitent pas exactement de la cavale en général, mais surtout de leur auteur. Et tous n’ont pas la retenue de Jean-Claude Pirotte, qui écrit « Je suis un charlatan et un affabulateur depuis toujours. Mais en ce qui concerne la cavale j’ai plutôt tendance à minimiser les choses » (p. 23).
Pour le reste, Des hommes en cavale ne réconciliera pas une approche de la justice qu’on pourrait qualifier de libertaire (en gros : il y a quelques prisonniers et fugitifs authentiquement dangereux, mais la plupart sont des hommes de cœur aliénés par l’État) avec une approche bourgeoise (en gros : il y a quelques hommes de cœur aliénés par l’État parmi les prisonniers et les fugitifs, mais la plupart sont authentiquement dangereux). Je crois pour ma part que les connards – et les connasses ! – sont proportionnellement aussi nombreux de chaque côté des barreaux, mais que ceux qui sont derrière ont simplement moins respecté la loi…
Quant aux quelques pages d’introduction et de mise en perspective qui ouvrent le livre, elles ne valent pas grand-chose, notamment parce que la réflexion n’y est pas synonyme de démystification, dépassant rarement le niveau d’une mythologie qui a ses charmes quand on est adolescent et qu’on se croit rebelle, mais se révèle embarrassante chez les adultes – l’un des témoins ne semble d’ailleurs pas sorti de cette conception du banditisme qu’il serait même abusif de qualifier de romantique, qui écrit « Quand tu es dans l’ordre, tu n’existes pas, tu es comme tout le monde » (p. 37), formulation dont les deux dernières propositions opèrent un raccourci pour le moins hâtif…
Créée
le 31 juil. 2018
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