Baume au cœur et vague à l'âme

J'aime énormément Haruki Murakami, son style littéraire, son imagination et sa sensibilité. J'ai lu plusieurs de ses romans et chaque lecture me laisse toujours un sentiment particulier. Un sentiment agréable, profond, intime, comme une sorte de mélancolie heureuse et sereine. J'ai toujours une sensation de réconfort en le lisant car avec ses mots, on sent une âme qui pense, et je trouve ça réconfortant.

Des hommes sans femmes est un recueil de nouvelles dont chaque histoire raconte le lien, l'absence de lien ou le lien manquant entre des hommes et des femmes. Certaines histoires sont des récits tirés des souvenirs de Murakami, racontés à la première personne, d'autres sont des fictions à la troisième personne qu'on sent plus ou moins inventées. Dans tous les cas, elles prennent racine dans la réalité du quotidien. Ici, point de fantastique, Murakami nous fait le portrait de personnages qui tentent de se comprendre, de comprendre leurs sentiments, de comprendre leur rapport à l'autre, leur rapport au sexe opposé. Au centre de ces relations, l'importance de la transmission et du récit. Il explore différentes manières de voir l'autre et de se raconter à l'autre.

En se plaçant dans la position de l'observateur, il nous fait découvrir ses réflexions, toujours décrites avec précision, intelligence et humilité. Il prend son temps pour aller au bout de ses pensées et trouver les mots justes, sans jamais prendre de raccourci, sans jamais faire de concession ou de facilité d'esprit. On bondit d'idées en idées au travers de récits communs et pourtant jamais ennuyeux. Il ne prend pas seulement du recul sur les faits, il opère toujours un pas de côté, de manière à avoir un regard constamment neuf et vigoureux sur la réalité. Parfois, il fait des comparaisons ou des analogies étonnantes, presque absurdes, mais il ne se moque jamais de nous, au contraire, il nous invite à regarder différemment, avec inspiration. En lisant Murakami, souvent, on lit en nous-même.