La lecture de Des larmes sous la pluie a été pour moi une mini déception.
Alors entendons-nous bien, j'ai bien aimé ce roman, comme en témoigne son très honorable 7/10. Seulement voilà, on me l'avait un peu vendu comme un super roman, et la fin ne m'a pas convaincue et m'a même déçue.
Mais remettons les choses dans le bon ordre.
Des larmes sous la pluie doit son titre au célébrissime film Blade Runner (que d'aucuns considèrent comme le meilleur film de tout les temps, alors qu'on sait tous que ce titre revient au M le maudit de Fritz Lang ^^) et notamment à sa fameuse scène finale que je ne spoilerai bien évidemment pas.
Le roman ne se déroule pourtant pas dans l'univers de Blade runner (que ce soit le film de Ridley Scott ou le roman de Philip K. Dick), mais dans un monde qui a été fortement inspiré par ces deux œuvres, au XXIIe siècle (année 2109).
Ainsi, les androïdes fabriqués pour occuper certaines tâches pénibles ont été nommé "réplicants", comme dans le film et le roman. Et comme dans le film et le roman, ces androïdes n'ont qu'une durée de vie limitée, puisqu'ils "naissent" à 25 ans avec une fausse mémoire implantée, et meurent dix ans plus tard, d'une forme de dégénérescence de leurs tissus organiques.
Bien entendu, la création de créatures artificielles sentientes n'a pas été sans créer des problèmes, débouchant même sur une "guerre rep" entre les androïdes et les Humains. Guerre qui leur a permis d'accéder au statut de citoyens de plein droit. Le monde étant ce qu'il est, les androïdes sont évidemment victimes de racisme et de spécisme de la part des Humains "naturels".
On le voit, autant d'éléments déjà présents chez K. Dick et Scott.
Rosa Montero s'attarde en revanche davantage sur les tensions "raciales" (formule que j'utilise faute de mieux) entre Reps et Humains et sur le côté mémoriel des androïdes, nous livrant moult détails sur la composition de leurs souvenirs et leur ressenti face à ces faux souvenirs.
Le roman est avant tout un polar noir, comme Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? du reste, en nous présentant le personnage de Bruna Husky, ancien réplicante de combat devenue détective privée après son retour à la vie civile (et fatalement alcoolique, roman noir oblige). Elle va être chargée de résoudre une mystérieuse vague de crimes perpétrés en public par des androïdes, tous systématiquement suivis du suicide des androïdes criminels.
L'ambiance du roman est impeccable et la société post crise climatique et post guerre rep, très bien campée, entre son Parti Suprémaciste Humain et son équivalent réplicant militant pour les droits des technos-humains. Le cadre madrilène est quasi anecdotique par contre, ce que j'ai trouvé dommage, quoique cohérent dans un monde du XXIIe siècle forcément uniformisé
Outre l'enquête elle-même, les questions autour de la mort et du deuil sont centrales dans le récit. Tous les personnages principaux ou presque traînent leurs lots de fêlures et de souvenirs (implantés ou non) plus ou moins douloureux. C'est la grosse plus-value du roman : l'exploration de la psyché des androïdes à travers les yeux de Bruna Husky.
Mais si vous m'avez lu attentivement jusqu'ici, déjà je vous félicite parce que je crains d'être un peu brouillon, mais surtout vous devez vous souvenir que j'ai été déçu par la fin du roman. Je ne tiens pas à la divulguer, bien sûr, mais voilà, elle m'a semblée un peu rapide et facile, comme si d'un coup le récit s'arrêtait et que tout se débrouillait presque à l'insu des protagonistes. Étrange...
Du coup, ça ne suffit pas à gâcher l'ensemble, mais ça m'a chafouiné. Le roman reste tout de même une vraie réussite et un vrai plaisir de lecture.