Des larmes sous la pluie par rmd
« J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons c briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme des larmes sous la pluie. Il est temps de mourir. »
Beaucoup d'entre vous auront reconnu cette réplique, extraite de Blade Runner, déclamée par le répliquant joué par Rutger Hauer, peu avant sa mort.
Dans le monde futuriste de Rosa Montero, les androïdes existent et, à l'instar du film, disposent d'une durée de vie limité et de capacités supérieures. C'est donc tout naturellement qu'ils ont été surnommés réplicants, en référence à Blade Runner. S'ils sont à peu près intégrés à la société, lorsqu'une série de meurtres perpétrés par des androïdes survient, les vieux démons racistes se réveillent et un parti extrémiste tente d'organiser un mouvement de masse contre les réplicants pour prendre le pouvoir. Bruna Husky, une androïde faite pour le combat, enquête sur les crimes.
On le voit avec ce résumé succinct : ce n'est pas l'originalité qui étouffe "des larmes sous la pluie". Au contraire, avec ces références explicites à Blade runner, nous sommes en terrain connu. La force du roman est tout autre : d'une part un futur totalement crédible, dont les éléments science-fictifs sont suffisamment explicités aux lecteurs peu habitués du genre, d'autre part des personnages magnifiques, à la psychologie élaborée, qui permettent d'aborder nombre de thèmes avec intelligence. Rosa Montero fait preuve d'une grande maîtrise dans l'avancée de l'intrigue, les défauts sont peu nombreux et le lecteur est captivé par les pensées de Bruna, ses relations avec les autres personnages et sa perception de la vie à durée limitée. Une grande réussite.