Des souris et des hommes par Margot D
Autant ce roman se lit rapidement, autant il est d'une profondeur percutante. En très peu de pages, Steinbeck nous prend aux tripes avec cette histoire d'une simplicité brute qui suit les (mes)aventures de George et Lennie. Comme dans beaucoup d'autres romans ou films, l'un est l'esprit, l'autre le corps : quand George pense, Lennie agit, et, à deux, ils représentent l'être humain. Etre humain, qui, ici, vacille maladroitement entre tolérance et discrimination, chacun étant à la fois victime et coupable. Lennie « l'attardé », Curley qui pète plus haut que son cul, Crooks le « nègre boiteux », Mme Curley la trainée, Candy le vieux inutile. Aucun n'échappe au jugement des autres, mais personne ne se retient d'en émettre.
L'écriture, qui aux premiers abords pourrait sembler superficielle, nous impose au contraire une distance par rapport aux personnages. De fait, nous ne nous attardons pas sur leur psychologie mais plutôt sur leurs actes qui dégagent une profonde humanité de cette amitié pudique, qui impose le respect.
C'est certainement ce qui en rend la fin d'autant plus belle et violente, faisant de ce roman la rencontre entre une (sorte de) tragédie grecque et le rêve américain.