Paul est un jeune père, qui vit seul avec ses deux enfants depuis la disparition de sa femme. La vie est loin d’être aisée, comment protéger ses deux bouts de chou de la triste réalité du quotidien et des centaines de questions et de tourments qui lui trottent sans cesse dans la tête ? On dit bien souvent que de ne pas savoir, c’est une des pires choses qui puisse être, et, dans le cas de Paul, c’est bien cela qui a l’air de le faire le plus souffrir... Est-ce que sa femme est partie volontairement, abandonnant sa famille ou se pourrait-il que le pire se soit passé ? Rapidement, la police lui annonce que, dans ce genre de cas de disparition, il faut souvent ne pas chercher trop loin, c’est un cas de figure qui se produit souvent. Mais voilà, comment tirer un trait sur le passé quand on n’est pas sûr à 100% de ce qui s’est passé ?
J’avoue que j’ai beaucoup de peine à juger ce roman. Les descriptions aussi bien des paysages que des sentiments contradictoires qui s’emparent sans discontinuité de Paul sont très justes et respirent le réalisme. Malheureusement, cette justesse m’a profondément déprimée tout au long de ma lecture. Une espèce de langueur, un triste sentiment qui nous tombe dessus quand on se rend compte que notre vie est finalement futile et qu’un jour tout sera fini, une fatalité qui nous poursuit jusqu’à la mort... J’avoue que je ressors de cette lecture avec le moral à zéro. J’ai malgré tout poussé ma lecture jusqu’au bout pour découvrir la fin, mais je comprends maintenant que peu importe comment cette histoire prendra fin, le sentiment de fatalité et de futilité qui m’avait accompagné tout au long de ce livre n’allait plus changer, tant j’étais ancrée dans cette torpeur triste, mélancolique et contre laquelle on ne peut rien.
En ce qui concerne les personnages, je dois dire que j’ai tantôt admiré Paul pour sa force et son courage, un père qui fait passer ses enfants avant son propre bien-être et se décarcasse pour les faire sourire et pour continuer à vivre, et je l’ai tantôt détesté pour son irresponsabilité, son manque de jugeote et certains fort mauvais choix qu’il a faits. En fait, je pense que l’auteur a fort bien su décrire ce qui peut se passer dans la tête d’un homme à ce moment-là, ce qui fait que parfois ses amis et sa famille sont capables un jour de lui dire « non, mais c’est du passé, il faut aller de l’avant » et de lui dire le lendemain qu’ils sont admiratifs de ce qu’il fait pour ses enfants. En fait, cet homme est tiraillé entre ces deux états d’âme, et c’est en fin de lecture que je me suis rendue compte que, même si j’avais eu du mal à m’attacher à Paul, c’était simplement parce que ses agissements et ses pensées était à juste titre tiraillés entre ces deux extrêmes.
Un roman présentant un quotidien criant de vérité, une histoire somme toute assez commune, mais qui sait tout de même émouvoir... Pourquoi donc n’ai-je pas davantage pris plaisir à ma lecture ? C’est une bonne question, peut-être étais-je un peu trop fragile en ce moment pour l’apprécier... En tout cas, quand je ressors d’une lecture en me demandant si la vie vaut la peine d’être vécue puisque de toute manière, un jour tout sera fini, j’ai de la peine à décider si le livre était extrêmement bon pour avoir réussi à me transmettre autant de choses, ou au contraire mauvais de m’avoir plongée dans une telle noirceur.
À méditer.