Après m'être brûlé les ailes sur le complexe d'Oedipe tel Icare monté trop près de Solaris, je me suis trouvé en quête d'un sujet plus léger, et c'est donc tout naturellement que je me suis tourné sur le cas Zemmour.
Enfin de loin je vous rassure, car il y a peu de polémistes dont on ne se brûle la langue de trop près.
Je n'ai pu encore ouvrir son livre, terrifié que je suis par l'arrogance de Zemmour à prophétiser un destin funeste tout en l'arrosant matin et soir d'huile chaude, si bien qu'on se demande s'il le craint ce destin ou s'il le désire. Je crains de le lire, de m'y épuiser moralement, et je crains aussi de l'arroser de mon argent. C'est qu'il y a des penseurs tels que lui et moi qui mériteraient à la limite de rester petits banzais sur un réseau social de qualité.
Encore que sans le lire, seulement de biais par d'autres lecteurs interposés, j'ai déjà des idées de solutions, c'est tout moi, présomptueux que je suis. Je détecte chez ce polémiste une certaine douleur, une nostalgie qui m'échappe et qui le ronge, et je voudrais que l'on travaille ensemble, puisque lui-même me ronge, pour un monde meilleur et possible.
Chez Zemmour ce n'est pas tout à fait le vivre ensemble qui est problématique
(je l'ai vu lui-même sur les plateaux il propose des solutions, c'est qu'il y croit un minimum, ou bien qu'il est habile, bien que ses solutions soient tout à fait maladroites voir insultantes... trop de flou, voyez-vous j'ai déjà mal à la tête),
le problème c'est d'abord l'intolérance au changement identitaire, à accepter qu'une culture c'est vivant et donc que ça change, que la démographie est un flux qu'on ne peut juguler rétroactivement,
la tolérance c'est douloureux comme la vie toujours en mouvement, c'est pas simple,
(la culture dans le flux de la vie gagne à lâcher du lest, à la différence de l'économie par exemple, véritable monstre avide qui mange la couche d'ozone).
Sais-tu que ce n'est pas bien d'être raciste ai-je envie de dire à Zemmour,
https://youtu.be/ddKiU9vP3ZQ
on ne peut pas construire un monde comme le nôtre, voué au vivre ensemble, si y'a pas de tolérance.
Alors voilà pour apaiser les souffrances, calmer les passions de tous bords, je propose un petit exercice mental que j'ai humblement appelé : analyse comparée de l'action militante.
Rien que ça.
C'est en fait en terme d'analyse politique l'équivalent du chiasme en littérature.
Prenons une phobie au hasard, je dirai celle des pingouins,
nous avons alors les pingophiles et les pingophobes, rien de sexuel bien entendu, voyez ça davantage comme les deux bouts de la molécule savon, l'hydrophile et l'hydrophobe.
C'est une réflexion en quatre temps simultanés croisés, pour se demander toujours à propos de chaque appel à la tolérance si cet appel sert la tolérance ou la dessert
(je vous préviens ce n'est pas une science exacte),
4 cas d'imagination :
1_ est-ce que l'action rend majoritairement les pingophobes moins tolérants au pingouin?
2_ est-ce que l'action rend majoritairement les pingophobes davantage tolérants au pingouin?
3_est-ce que l'action rend majoritairement les pingophiles davantage tolérants au pingouin?
4_est-ce que l'action rend majoritairement les pingophiles moins tolérants au pingouin?
Techniquement les cas n°1 et n°3 sonnent un peu comme des coups d'épée dans l'eau. Le cas n°4 sonne comme majoritairement foiré, reste le cas n°2 qui semble idéale.
Ça a l'air con comme ça mais c'est un bon support d'imagination, l'évitement des 3 cas d'éceuils nous donne plein de supers idées antalgiques, de retenue, de posture et de dialogue.
Le cas n°2 nous pousse à un nouveau travail d'imagination consécutif, à imaginer des modes de dialogue plus productifs, où y'a davantage de tolérance,
travail qui de la part des philes peut devenir un poil rusé, voir sournois (mais je me soigne),
mais surtout qui de la part des phobes deviendrait performatif, qui se mettraient à simplement imaginer un monde possible sans guerre civile.
Parce que finalement je me demande parfois si l'intolérance n'est pas aussi une frilosité d'imagination.