Jun'ichirō Tanizaki, voilà un auteur dont on voit apparaître le nom rapidement lorsqu'on s'intéresse à la littérature japonaise. J'ai déjà eu l'occasion de lire quelques unes de ces oeuvres et j'ai encore quelques bouquins de cet auteur sur mes étagères. Il est donc temps de les lire. On commence avec un recueil de deux nouvelles au titre évocateur : Deux amours cruelles.
La première, l'histoire de Shunkin, nous raconte la vie de Shunkin (Koto Mozuya) qui, devenue aveugle très jeune, se consacre entièrement à l'art de la musique en devenant experte du shamisen et du koto. L'histoire est aussi celle de Sasuke, serviteur de Shunkin, totalement dévoué à sa maîtresse. Mais Shunkin est plus que tyrannique envers son fidèle serviteur qui, malgré ce qu'il subit quotidiennement, ne cessera de suivre Shunkin et de l'aimer en secret.
Le titre du recueil prend tout son sens avec cette première nouvelle. Son amour est à sens unique et sa tâche ingrate. Mais il ne peut se résoudre à vivre autrement car son amour est sincère.

La seconde nouvelle, Ashikari, est aussi en parfait accord avec le titre du recueil. Serizawa est secrètement amoureux de Oyu, une veuve qui ne peut donc pas se remarier ni même se lier d'amitié avec un homme. Son amour est tel qu'il n'hésitera pas à épouser la soeur d'Oyu, Oshizu, pour pouvoir la côtoyer au quotidien, le plus souvent possible. Mais Oshizu découvre rapidement les sentiments réels de Serizawa et aussi ceux de sa soeur. Une très belle histoire, triste dans son fond mais remplie d'espoir et de délicatesse.

Lorsqu'on lit un bouquin comme celui-ci, on comprend pourquoi on parle de « classique ». Cela devient une évidence tant le style, la narration construite, structurée et les tournures de phrase sont le résultat d'un travail de fond couplé à un talent évident. Tanizaki sait trouver les bons mots aux bons moments. Son sens de la description, sa façon de faire passer les émotions et de décrire les sentiments sont un vrai régal.
Je ne tarderai pas avant de me lire un autre livre de cet auteur, c'est une certitude.
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le 24 sept. 2010

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