Ken Loach et Edouard Louis, deux générations, deux façons de dire avec l’art - par l’image ou l’écrit - mais bien un but commun, celui de la défense des pauvres. Ils font du beau avec de la tristesse et de la violence, et c’est ça qui émeut tant. Edouard Louis dirait que c’est parce que c’est le réel, la vie réelle, qu’ils représentent qu’on trouve ça beau. Et finalement, on pourrait dire qu’on trouve ça beau parce que ça nous touche - comme tout art qui nous rapproche de nous.
Dans ce livre, il est question de lutte de classe, évidemment. S’ils reviennent rapidement sur la violence que subissent et font revivre à leur tour les ouvriers, les exclus et surtout les réprimés, ils se demandent comment agir pour retirer le pouvoir à la classe dominante. Ceux qui ont le pouvoir, qui exercent une violence politique et sociale sur les autres et s’enrichissent sur le travail des autres ne peuvent faire autrement qu’ignorer la violence subie par les réprimés. Alors comment les retirer de cette ignorance voulue ? Comment reprendre le pouvoir dans les médias - où la gauche répond aux discours de droite mais n’en crée plus ? Retrouver la force du collectif, proposer, attaquer, au lieu de défendre. En soit, inverser la vapeur (va - peur), que la peur change de camp.
Même si on sent que la route est longue, l’espoir subsiste : la classe dominante ne peut changer, c’est acté, elle gardera ses chaussons dorés et ne les quittera que contrainte et forcée. Leur proposition est d’encore et toujours plus fort, afficher, oser dire, pointer les inégalités, crier la pauvreté subie et non volontaire en arrêtant d’en avoir honte, pour une vraie conscientisation de classe et donc, un juste retour au partage de la vie.