Toute personne, vivante ou morte, est purement fortuite, et ne saurait faire l'objet.

Si Abattoir 5 m'a rendu perplexe lors de sa lecture, la salle 101 m'a de nouveau donné l'envie de tenter l'aventure Kurt Vonnegut. Ces deux romans sont-ils très différents ou bien me suis-je habitué à l'auteur mais "Dieu vous bénisse Mr Rosewater" fut un plaisir de lecture.

Héritier richissime, Eliot Rosewater fils de sénateur prend un tournant dans sa vie et retourne s'établir dans le conté de Rosewater d'où est originaire la lignée. Il s'improvise comme mécène et bienfaiteur de tous les pauvres et les désespérés. Devant cette attitude inhabituelle, un jeune loup du cabinet d'avocat qui gère la fortune familiale décide de lancer une croisade dont le but est de le faire passer pour fou, et d’espérer toucher le pactole dans la transaction qui suivrait un verdict favorable à sa cause. C'est ainsi que l'on découvre la branche "ratée" de la famille Rosewater qui attirée par le gain se laisse entraîner par l'avocat.

Sorti dans les années 60 les questions de répartition de l'argent et du salaire de la rente sont au cœur du roman malgré son aspect potache. En expliquant à chaque fois d'où viennent tous les personnages et quelle est leur histoire, Vonnegut inscrit dans son roman tous les paradoxes d'une société inégalitaire. Untel et untel se sont croisé, l'un a engendré une dynastie richissime l'autre pas. L'auteur montre que c'est plus la chance que le fameux esprit d'initiative qui a dominé les destins.

Vonnegut use et abuse des retranscription des lettres et documents officiels dans son texte. Si l'on peut craindre un rythme haché il n'en est rien. Le ton du roman est donné par la personnalité fantasque du truculent Mr Rosewater - Fondation Rosewater comment puis-je vous aider aujourd'hui ? Foncièrement drôle mais également perclus d'une mélancolie et d'une tristesse toujours présentes, le livre se lit avec plaisir en passant d'un personnage secondaire à l'autre sous le regard et avec la présence bienveillante d'Eliot qui veille.

Il est assez dommage que la toute fin du roman veuille nous expliquer ce qu'Eliot a tenté de faire, cet aspect didactique n'était pas nécessaire. Surtout qu'il fait intervenir le fameux Kilgore Trout, alter ego de l'auteur qui aurait tout gagné à rester une présence invisible dans l'ombre.

Perdu après "Abattoir 5", "Dieu vous Bénisse monsieur Rosewater" m'a montré que Vonnegut était un grand auteur et pouvait être facile à lire. 9/10
Nanash
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le 18 févr. 2015

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