Robespierre le mâle alpha

Je ne suis pas un républicain, je suis pour que le peuple, constitué majoritairement d'ignares en politique, restent loin de la gestion des affaires du pays. Je ne comprendrai jamais pourquoi on accepte que le bulletin de vote d'un inculte vaut autant que celui d'un expert.

Pour avoir écrit ça, Robespierre m'aurait sûrement ôté la tête du reste de mon corps, mais je vais tenter d'être Nietzschéen et éviter un ressentiment anachronique en lisant les discours de l'incorruptible.

Je me suis laissé séduire à mesure de la lecture, et mes idées, biaisées par l'époque actuelle (les gauchistes sont tous des fiottes !) furent anéanties par les lignes de ce discours.

Comment ne pas admirer les idées d'un politicien quand celles-ci justifient l'usage de la force pour la préservation du peuple ? Robespierre avait clairement compris que l'instauration d'un nouveau système politique passait par l'usage de la force, ce que les gauchistes d'aujourd'hui, ces pacifistes bêlants, oublient trop souvent. D'ailleurs, quand Marx parle de renverser la bourgeoisie, il sous-entend l'usage de la violence lui aussi. Les gauchistes d'avant étaient quand-même bien plus aguerris que ceux de maintenant...ou moins malhonnêtes !

Même s'il y a eu beaucoup de passages que je n'ai pas compris, faute de connaissance du contexte et de connaissances historiques tout court, j'ai tout de même dévoré le bouquin, et plus la lecture avançait, plus mon admiration pour Robespierre allait crescendo. J'aime beaucoup sa lucidité, il sait qu'il y aura toujours des méchants (les perfides) et que l'instauration d'une toute nouvelle politique justifiait un despotisme de la liberté pour contrer la tyrannie. Je m'extase quand je vois enfin quelqu'un qui évite de tomber dans la niaiserie en voulant éviter à tout prix la force. Même la liberté, terme hippie par excellence, nécessite l'usage de la force pour contrer les tyrans. Magnifique.

On sent la poigne du gars, son charisme, son sens du sacrifice moral (incorruptible !) pour le bien du peuple. On est loin d'un tyran, car ses références sont Rousseau (Le Contrat Social) et Montesquieu. Il est le comme l'incarnation du bras armé des Lumières, celui qui a le courage d'exécuter leurs idées.

Je vais terminer par les deux citations qui m'ont le plus marqué, notamment celle qui fait écho à ma citation préférée de Pascal sur la force et l'injustice.

Mais c’est ici que le gouvernement a besoin d’une extrême circonspection, car tous les ennemis de la liberté veillent pour tourner contre lui, non-seulement ses fautes, mais même ses mesures les plus sages. Frappe-t-il sur ce qu’on appelle exagération ? Ils cherchent à relever le modérantisme et l’aristocratie. S’il poursuit ces deux monstres, ils poussent de tout leur pouvoir à l’exagération. Il est dangereux de leur laisser les moyens d’égarer le zèle des bons citoyens ; il est plus dangereux encore de décourager et de persécuter les bons citoyens qu’ils ont trompés. Par l’un de ces abus, la république risqueroit d’expirer dans un mouvement convulsif ; par l’autre, elle périroit infailliblement de langueur.

Que faut-il donc faire ? Poursuivre les inventeurs coupables des systèmes perfides, protéger le patriotisme, même dans ses erreurs ; éclairer les patriotes, et élever sans cesse le peuple à la hauteur de ses droits et de ses destinées.

Si vous n’adoptez cette règle, vous perdez tout. S’il falloit choisir entre un excès de ferveur patriotique et le néant de l’incivisme, ou le marasme du modérantisme, il n’y auroit pas à balancer. Un corps vigoureux, tourmenté par une surabondance de sève, laisse plus de ressources qu’un cadavre. Gardons-nous sur-tout de tuer le patriotisme, en voulant le guérir. Le patriotisme est ardent par sa nature. Qui peut aimer froidement la patrie ?

Que le despote gouverne par la terreur ses sujets abrutis, il a raison comme despote : domptez par la terreur les ennemis de la liberté, et vous aurez raison comme fondateurs de la république. Le gouvernement de la révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. La force n’est-elle faite que pour protéger le crime, et n’est-ce pas pour frapper les têtes orgueilleuses que la foudre est destinée ?