La chute...
Beau livre à la lecture assez éprouvante, Disgrâce impressionne autant par sa prose limpide qu' il nous éreinte par sa noirceur. L'histoire nous raconte la disgrâce subie par David Lurie, un prof de...
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le 28 avr. 2016
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Beau livre à la lecture assez éprouvante, Disgrâce impressionne autant par sa prose limpide qu' il nous éreinte par sa noirceur. L'histoire nous raconte la disgrâce subie par David Lurie, un prof de poésie anglaise cinquantenaire dont la libido prononcée l'a amené à séduire une de ses étudiantes. L'affaire brisera sa carrière et l'enverra chercher refuge chez sa fille Lucy au fin fond de la campagne sud-africaine. Une autre déchéance, bien plus sérieuse, l'y attend...
Autant le dire tout de go, rien dans ce livre n'est trop plaisant. Les relations hommes/femmes sont d’abord placées sous une lumière crue, le héros, un homme assez froid, se décrivant lui-même comme un "esclave d'Eros", excuse facile. L'irruption du viol dans la trame du récit durcit encore un propos rendu glacial par l'arrogance du séducteur et propose un constat pénible sur les violences faites aux femmes en Afrique du Sud (et la condition féminine en générale...)
La question de la compassion est pourtant au centre de ce roman au travers de l'euthanasie des bêtes , une activité que le héros va entreprendre, dans une sorte de labeur rédempteur (Coetzee s'interroge longuement sur la conscience de l'animal face à la mort, comme il s'interroge sur ceux qui s'occupent de leurs derniers instants) . La vieillesse , une autre déchéance, est un sujet qui revient souvent aussi, présente dans des jugements sans fards sur la perte de la séduction, et même le physique des femmes... La violence, elle, est présente sous de nombreuses formes, notamment l'indifférence et la cruauté...
Les relations noirs/ blancs sont abordées sous un jour très pessimiste. Coetzee, visiblement mal à l'aise dans cette période post-apartheid, redoute l'engloutissement de son univers blanc. Lucy, hollandaise et un peu hippie, est présentée comme un victime quasi-sacrificielle du fonctionnement de la ruralité noire... Je reste méfiant sur la morale que Coetzee semble vouloir nous proposer, car cela reste dans la veine "crépuscule des blancs" ... Bon ce livre me parle, à titre perso, car j'ai eu l'occasion de me rendre là-bas à plusieurs reprises et que j'y ai rencontré l'univers de barbelés et de flingues que peint Coetzee ici. Mais 15 ans après son livre, je ne vois pas que la communauté blanche soit aussi malmenée qu'il semblait le craindre, loin de là...
Je recommande ce livre car il est véritablement étonnant, propose un parcours individuel intéressant et des réflexions profondes sur la mort animale, mais je le fais avec prudence en raison de sa noirceur et d'un message pour le moins ambigu sur la fin de l'apartheid...
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le 28 avr. 2016
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