"Divergente" est une dystopie bancale dans le genre d'univers qu'il représente. Par contre, j'ai encore l'impression que lorsqu'il s'agit d'une héroïne, il lui faut un impératif masculin, dans ce cas-ci le pseudo bad-boy Quatre. le personnage de Tris Prior était déjà assez intéressante sans avoir besoin de monsieur-enfance-souffrante pour la hisser encore plus haut. À quand une dystopie avec une jeune femme indépendante, ou à tout le moins, sans dépendance affective? Cette série avait déjà beaucoup de potentiel sans son côté guimauve amoureux. J'ai été a priori intriguée par l'idée des castres par qualités dominante ( même si associer cela à la génétique va à l'encontre de toute logique biologique- les "traits" n'étant pas "génétiques"), mais avec l'expérience en lecture, les failles ont fini par s'écrouler dans un grand fratras d'incohérences. Les sérums étaient une idée intéressante, mais l'idée de la "divergence" en elle-même me fait surtout à l'humain standard. On sent très bien que cette société ne peut pas tenir indéfiniment, mais sa base est floue. J'ai l'impression que le monde en présence était une sorte de pétrie géant où ont regardait les gens mener leur vie ultra-ciblée. L'auteur a une bonne écriture, sans trop de temps morts. Par contre, quand on apprend qu'elle a écrit son livre en 3 semaines avec la base de Hunger Games...heu...là je comprend pourquoi cette histoire ne fait pas sens. Comme pour Katniss dans "Hunger Games", nous sommes dans la tête de Tris. Ça peut avoir du bon, dans le sens où nous sommes près de ses émotions. Dans la trilogie, le premier est mon préféré.
Aussi, il y a quelque chose d'un peu redondant avec ce genre de roman. La fille spéciale ( forcément) qui va sauver le monde - jamais seule, hein! parce que tout le monde sait qu'une ado fille, ça lui prend un mâle badass pour l'assister. Il y a quelque chose d'un peu triste quand même et c'est le fait que le message est toujours le même: ne soit pas ordinaire, soit la plus belle, la plus badass et n'oublie pas de te trouver un mâle sexy - ténébreux et torturé de préférence - comme ça tu pourras le sauver et ainsi prouver au monde que tu es non seulement une sauveuse de monde, mais aussi un sauveuse de gars. C'est démesuré, à la juste mesure des idéaux typiquement américains. Et si c'est distrayant comme personnage, c'est aussi très peu réaliste. Et ce qui est une fois encore malheureux, c'est que n'eut été de sa divergence, Tris n'aura sans doute jamais cherché en elle un quelque potentiel que ce soit, parce que dès lors, elle aurait été "ordinaire". Et donc, insignifiante.
Ç'eut été une lecture divertissante, mais maintenant que je me retrouve libraire jeunesse et que j'ai eu le temps de faire beaucoup de lectures dans ce rayon, il ne me reste de ce roman qu'un lointain souvenir d'une fille qui a eu la chance d'être entouré d'adultes pas très intelligents, d'un bady-boy aussi inutile que surfait et un univers intéressant qui est une fois de plus passé de "dystopie" à "Romance sur fond de conflit". Et donc, qui ne se distingue guère d'un paquet d'autres romans de ce sous-sous-genre destinée aux filles.
Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 13 ans+.