Dominium mundi c'est une sainte croisade chrétienne qui s'embarque pour aller chercher le corps du Christ... sur une planète d'Alpha du Centaure !
Dans une Terre partiellement irradiée au siècle dernier, la société s'est reformée en un système de castes quasi médiéval, sous l'égide prétendument bienfaisant de la chrétienté à la sauce moderne.
On suit ici les tribulation d'un groupes de soldats, nobles ou roturier, volontaires ou enrolés de force dans la plus imposante des croisades : un million d'hommes et femmes pour une expédition de 5 ans minimum l'aller-retour.
Il y a en vrac : des exercices militaires en conditions réelles, de l'intrigue politique, de la romance, des chefs charismatiques, des complots dans l'ombre et une révolution qui gronde. En somme pas mal de bons ingrédients, et pourtant...
Je n'ai pas du tout accroché à Dominium Mundi, malgré ma subjectivité effrayante pour toute aventure dans l'espace. Et pour cause, je me suis ennuyé. D'un bout à l'autre.
La société des classes est...caricaturale on a du mal a comprendre comment un événement, fut il un cataclysme mondial a-il pu réduire le monde entier à une bonne vieille quasi-théocratie obsolète.
Les complots sont... prédictibles. Sans spoiler j'avais déjà tout deviné à l'avance, comme le ferait je n'en doute pas n'importe quel lecteur marquant une pause minime entre deux séances de lectures.
J'en arrive au principal défaut selon moi : les personnages sont...plats. Les méchants sont méchants et avides de pouvoir. Les gentils sont nobles et désintéressés. Au milieu se trouve une troupe plus ou moins gaga qui dit amen (littéralement parfois) aux uns ou aux autres, ne servant au final que de milieu de comparaison bien/mal. J'ai été incapable de ressentir la moindre empathie envers les personnages. Pourtant je suis capable d'être une vrai madeleine quand j'ouvre un bouquin, c'est dire. La naiveté et la noblesse du personnage principal m'ont fait espérer en vain des facettes cachées, les deux romances présentées ici sont littéralement les coups de foudre les moins crédibles de l'histoire. Je passe sur le fait que j'avais envie de coller des baffes à la moitié des personnages car c'est bien trop subjectif pour être annoncé dans une critique (comment ça, "trop tard" ?)
Dernier point qui m'a gêné : l'approche de la religion. Bien qu'athée moi même (je sais on s'en tape), j'ai eu énormément de mal à m'immerger dans la société chrétienne décrite ici. En effet, les gens semblaient être classés en trois catégories. Il y a les croyants méchants d'une part, les croyants naifs d'autre part (l'épithète carrément stupide convient aussi), et les sages, réfléchis, non croyants, persécutés par la première desdites catégories. Honnêtement, c'est un parti pris brutal et selon moi le plus gros défaut "objectif" de l'oeuvre. Les personnages sont plus un ressenti, mais concernant la chrétienté j'ai eu l'impression de lire un livre de propagande anti-religion tellement les ficelles étaient grosses.
Dominium Mundi est pour moi l'exemple type du roman du jeune auteur motivé : rien n'est a proprement parler mauvais, on sent qu'il a voulu développer un univers complexe, avec des personnages intéressants, et y a presque réussi... presque.
Malgré tout l'oeuvre jouit d'une bonne popularité auprès du public français... et là je suis obligé de m’interroger : quel part du mérite est réelle et quelle part provient de notre bon vieux chauvinisme national ? L'oeuvre est certe remplie de belles tournures de phrases, et il m'est même arrivé à l'occasion de devoir chercher la signification d'un mot ou deux dans un contexte (fait rare pour l'orgueilleux lettré que je prétend être). Cependant tout cela ne suffit pas à rendre une oeuvre réussie ! Je regrette que l'auteur ne soit pas resté sur son domaine de prédilection, l'illustration où il y était très doué.