Édition lue : Bibliothèque de la Pléiade, septembre 2015, traduction supervisée par Jean Canavaggio.
Les aventures burlesques de l'halluciné et autoproclamé chevalier errant Don Quichotte de la Manche ainsi que de son fidèle acolyte Sancho Pança sont peut-être considérées comme un monument de la littérature mais restent d'une lourdeur incroyable. On pourrait m'en objecter l'âge vénérable mais pour avoir lu et apprécié l'oeuvre d'Homère cela n'a strictement rien à voir. Quant à l'aspect parodique, parfois subtilement satirique, usant par moments de ficelles grossières, il ne relève que peu le niveau.
Heureusement les fulgurances narratives, à l'image du fameux épisode des moulins, restent et les situations loufoques arrivent à lui apporter un semblant de vie. Cependant, au bout d'un moment, l'extravagante farce en devient lourde. Voir s'empiler vigoureuses rossées et sirupeux feuilletons annexes fait tourner le roman à la mauvaise ritournelle. Sans compter qu'en plus d'établir de laborieuses myriades de listes à l'intérieur même de ses dialogues, Cervantès nous perd dans les méandres de répliques d'une longueur insensée, confinant au monologue.
L'exhaustivité n'étant pas toujours une qualité, Cervantès aurait pu, pour ce qu'il avait à raconter, réduire son roman de moitié. Au bas mot.