Les romans de Casares se parlent entre eux, se répondent, se copient et s'inspirent les uns les autres, du premier jusqu'au dernier.
Dormir au Soleil reprend la forme de L'Invention de Moral et de Plan d'Evasion, les deux premiers romans de l'auteur, en ce sens qu'il est écrit sous la forme d'une longue lettre que le héros, Lucio Bordenave, envoie à Félix Ramos, dont la réaction à la réception de cette lettre servira d'épilogue. Sur le fond, on se rapproche par contre plutôt des romans suivants de l'auteur, tel que Le Songe des Héros, tout du moins au début. On y suit les aventures de Lucio dans le Buenos Aires contemporain de l'auteur, parmi sa famille et les quelques fréquentations de son quartier, ici appelé le passage. Comme toujours, les dialogues sont très nombreux, et se rapprochent parfois presque de l'absurde. Le héros participe grandement à cette ambiance quasiment loufoque : il est assez médiocre, égoïste, paranoïaque, lâche et en définitive réaliste et attachant.

Quelques mots sur l'histoire : la femme de Lucio est internée du jour au lendemain, pour de bien étranges raisons, dans une clinique psychiatrique, en suivant un allemand éleveur de chiens. Bientôt elle ressort, mais elle n'est plus la même. Il est difficile d'aller plus loin, sous peine de révéler trop de choses. Sachez simplement que Dormir au soleil aborde de très nombreux thèmes : la vie de couple (ou plutôt la vie en famille), la vie d'un quartier, l'évasion, les expériences scientifiques, la pensée de Descartes, etc. Jusqu'à la toute fin, le lecteur ne verra rien de foncièrement fantastique, ou plutôt tentera de chercher une issue rationnelle. Ce qui fait inévitablement penser à Plan d'Evasion.

Bon roman, mais qui souffre d'une des tares de l'auteur : sa longueur. Non pas qu'il soit long en termes de pages, mais à mon avis le tout aurait pu facilement être traité dans une simple nouvelle. Bien des scènes superficielles n'apportent rien au récit. J'aimerais parfois découvrir les nouvelles de Casares pour voir s'il excelle dans ce domaine (comme son ami Borges), mais malheureusement elles sont pour la plupart inédites en français...
LeChiendeSinope
7
Écrit par

Créée

le 31 août 2012

Critique lue 473 fois

2 j'aime

LeChiendeSinope

Écrit par

Critique lue 473 fois

2

Du même critique

Old Boy
LeChiendeSinope
10

Ris et tout le monde rira avec toi, pleure et tu seras le seul à pleurer.

La critique a défoncé ce film. Le traitant parfois de vulgaire jeu-vidéo. N'ont-ils donc rien compris au film, ou est-ce une manière de cracher sur la nouvelle vague sud-coréenne, ou même sur tous...

le 3 avr. 2010

209 j'aime

19

Seul contre tous
LeChiendeSinope
8

Un batôn de dynamite enfoncé à sec dans le cul de la morale française

En matière de film glauque et sordide, je crois que jamais personne n'est allé aussi loin que Noé avec Seul Contre Tous, son tout premier long, qui est en fait la suite directe de Carne sorti en 91...

le 14 mai 2010

116 j'aime

8

La Cité de Dieu
LeChiendeSinope
9

Tarantino dans les favelas

Après trois visionnages, je n'en reviens toujours pas. Ce film est incroyable, fascinant, une perle. Faut dire qu'à la vue du sujet traité, je m'attendais à une sorte pseudo-documentaire réaliste et...

le 8 juin 2010

102 j'aime

4