Double Assassinat dans la rue Morgue par BibliOrnitho
Dans le Paris du XIXe siècle, les journaux relatent un crime odieux : une vieille femme et sa fille (adulte) ont été sauvagement assassinées. Leurs cris déchirant ont réveillé le quartier qui s’est précipité dans l’escalier menant à leur maison de quatre étages. Les hurlements se poursuivaient alors qu’on montait leur porter secours. Pourtant, quand on parvint à pénétrer dans la demeure et qu’on eut fouillé celle-ci de fond en comble, on ne trouva pas trace de l’assassin. La question qui allait être sur toutes les lèvres – avant « qui » – serait « comment et par où le meurtrier est-il sorti ». Pour un peu, on s’attendrait à voir débouller Roulletabille attiré par le mystère de la chambre jaune (qui ne serait écrit que six décennies plus tard).
Point de Joseph Roulletabille, mais un homme tout aussi talentueux : C. Auguste Dupin, parisien et bourgeois oisif sans richesse qui ne vivote que grâce à un reliquat de son patrimoine englouti. Un jeune homme qui raisonne lui aussi « par le bon bout de la raison » et qui entend bien résoudre l’affaire en deux coups de cuiller à pot et au nez et à la barbe de la police. Il lui suffira de deux heures sur place pour tout comprendre : qui est le meurtrier, comment il est entré, comment il est sorti et pourquoi il est reparti en laissant derrière lui quatre-mille francs en or. Intelligent, observateur et logique. Mais aussi quelque peu hautain, suffisant et condescendant pour une intrigue que je trouve un peu tirée par les cheveux. Reste tout de même le talent et l’imagination de Poe qui font de cette lecture un moment agréable.