Il y a une telle densité romanesque et un tel souffle dans les récits de Pouchkine que l'on n'arrive jamais vraiment à déterminer si on est face à une nouvelle ou à un roman. La nouvelle est souvent centrée sur un phénomène précis, une anecdote piquante ou cynique, un fait en particulier et on attend généralement du roman davantage de rebondissements et de développements. Pouchkine brouille les cartes ; optons pour le roman court.
Doubrovsky père, gentilhomme pauvre mais digne, est victime d'une spoliation ; Dubrovsky fils, élevé à Petersbourg loin de la demeure familiale, se trouve par conséquent privé d'espérances et de situation. Revenu sur les terres paternelles, il entreprend de se venger de l'ennemi de sa famille et devient brigand malgré lui. Usurpant l'identité d'un précepteur français, il s'insinue dans les bonnes grâces de sa victime et... tombe amoureux de sa fille.
Avec "Doubrovsky" j'ai retrouvé avec délices les élans romantiques de "La fille du capitaine". Partant de là, difficile de lâcher sa lecture. Si bien que je n'aurais pas boudé quelques chapitres supplémentaires et c'est avec un peu de frustration que j'ai vu le dénouement - un rien précipité de surcroît - pointer le bout de son nez.
Le talent de conteur de Pouchkine ne se présente plus ; il aurait décidément fait un excellent scénariste ! Amour, danger, épreuves, vengeance, dette d'honneur... tout y est, il n'y a plus qu'à déguster.